Le 19 août dernier, Placebo s’est produit à Londres le temps d’un show intimiste et acoustique. L’occasion pour Brian Molko et Stephan Olsdal d’inscrire leur nom à la prestigieuse session des MTV Unplugged.
Voilà désormais 20 ans que Placebo (oui, lui aussi !) écume la sphère musicale, de ses glorieux débuts (Without You I’m Nothing, Black Market Music…) à la progressive abîme dans une décevante facilité (Loud Like Love…). 20 ans que l’androgyne nasillard Brian Molko inspire autant de passions chez les uns, qu’il nourrit de mépris chez les autres. Et si musicalement la carrière du groupe n’est pas exemplaire, sa ténacité n’en demeure pas moins remarquable. La preuve en est avec ce « MTV Unplugged », best of faussement déguisé autour d’une double décennie d’existence.
A l’idée de voir cumuler les effet$$$ Placebo (pour le fond) et MTV (pour la forme), il y avait matière à s’inquiéter drôlement quant au dénouement artistique. Difficile d’échapper d’ailleurs à la ribambelle de violons comme aux guests stars venues pousser la chansonnette « en toute amitié ». Mais reconnaissons que l’effeuillage acoustique réussit particulièrement bien à certaines chansons. Avec en tête ce « Without You I’m Nothing » dont la minutie des arrangements n’en étoffent que plus encore la superbe (comment en aurait-il pu être autrement avec un titre de cette envergure ?).
Au rayon des agréables surprises, les deux duos de la soirée « Every You Every Me » (avec Majke Voss Rome) et « Protect Me From What I Want » (avec Joan As Police Woman) convainquent par leur fluidité. De quoi dépoussiérer d’un souffle moderne ces morceaux maintes et maintes fois écoutés.
Le concert égrène également son (gros) lot de titres pas franchement bouleversés par l’interprétation unplugged. « For What It’s Worth », « Because I Want You », « Song To Say Goodbye » ou encore « The Bitter End » s’avèrent ainsi assez fidèles à leurs origines studio. Pas de réelle surprise donc. En revanche, la dynamique qui en découle confère un rythme plutôt plaisant à l’ensemble de la prestation.
Globalement judicieuse, la réorchestration n’opère pas non plus de miracles. « Too Many Friends » reste nécessairement… « Too Many Friends ». De même que le chant très en avant de Brian Molko se révèle une option parfois glissante dans ce type d’exercice. Certes, le frontman anglais possède l’expérience et l’aplomb (« Slave To The Wage ») mais lorsqu’il pousse trop sa voix, l’agacement n’est pas loin de poindre, reléguant alors la revisite acoustique (loin) derrière son original. Difficile par exemple de ne pas regretter la répartie d’Alison Mosshart sur « Meds » :