Wassailer débarque dans la cour des grands (interview)
Un nouveau clip aujourd’hui, un premier album dans une douzaine de jours. A l’heure de son entrée dans la cour des grands, il semblait opportun de faire plus ample connaissance avec Wassailer.
Une interview exclusive MusiK Please.

Ecouter la musique de William Serfass, c’est pénétrer dans un univers à part entière. Celui d’un artiste passionné de son. Qui apporte un soin particulier au fond comme à la forme.
Cap sur Londres
MusiK Please : Tout d’abord, une petite présentation s’impose ! Vous avez quitté la France pour Londres. Est-ce pour l’attrait de la musique ?
Wassailer : « C’est sûr que c’est la musique qui m’a aidé à rester en Angleterre, oui. Et les gens que j’y ai rencontrés, la façon qu’ils ont de penser le son, leur art du storytelling, moins scientifique, plus instinctif peut-être, ce qui me parle plus. Quand j’ai échoué au conservatoire de musique de Paris, les juges m’ont dit que j’avais trop interprété les œuvres jouées, qu’il fallait que je reste dans la technique, plus proche de la partition. Le Royaume-Uni m’a donné de l’expérience, de l’action, très vite beaucoup de concerts, de studio, de rencontres. Les frontières sont moins rigides (entre le classique, la musique actuelle, contemporaine, traditionnelle, populaire, urbaine, électronique ou folk). Et l’image, le marketing autour d’un artiste sont un peu moins importants aussi. Alors on se concentre sur l’écoute, la musique, et ça pousse à se surpasser dans l’écriture et la production de morceaux. »

Intituler son premier album « i, the bastard » n’est pas anodin. Pouvez-vous nous en dire plus ?
W : « « je, le bâtard »… je ne suis pas sûr de pouvoir expliquer le titre plus en détails, c’est assez clair, évident ! Et à la fois il y a différentes références comme Ken Loach (i, daniel blake), de Tyler The Creator (bastard), des sous-entendus, plusieurs degrés de lecture (mais je laisse ça à votre imagination). C’est un disque très personnel, mais qui raconte aussi des histoires qui ne m’appartiennent pas forcément. »
Votre biographie vous définit comme un « ex-hédoniste ». Cela signifie-t-il que désormais vous fuyez le plaisir ?!!
W : « Haha, non pas du tout, mais disons que j’ai été très très hédoniste… et que je glisse doucement vers l’épicurisme… comme beaucoup de gens j’imagine. »
Le jazz, c’est la liberté
Parmi les styles que votre musique brasse, le jazz semble occuper une place particulièrement importante ?
W : « Oui. C’est assez cliché, mais pour moi c’est la liberté, par rapport à la droiture de certaines musiques comme le classique, l’électronique, ou même les nouveaux sous genres comme la drill, qui sont souvent impitoyables sur les mélanges. Je me rends compte qu’il y a beaucoup d’éléments jazz présents dans tous les styles, alors que par exemple, il n’y a pas de techno dans la folk. Ni de folk dans la trap (ce à quoi je compte bien remédier dans mon deuxième album héhé !). Mais j’aime aussi le côté punk-avant-l’heure du jazz, très engagé politiquement et socialement. »
Les chansons de votre album se révèlent intimement liées à votre vie personnelle. Composer a-t-il une vertu thérapeutique ?
« Oui, c’est vrai, c’est surtout une manière de me débarrasser de pensées, d’idées, que j’avais depuis longtemps, mais que j’avais du mal à mettre à plat jusque-là. Londres c’est la ville où j’ai vécu le plus longtemps dans ma vie. Dix ans exactement, et il s’en est passé des choses, alors j’avais un besoin cathartique de faire le point, de créer une sorte de repère dans le temps, qui me permettrait d’avancer. Peut-être que j’avais l’impression de stagner au final, et me forcer à sortir ces chansons c’était aussi une façon de passer à autre chose. Mais comme je le disais plus haut, les histoires que je raconte ne sont pas que les miennes. Le « je » c’est parfois juste un moyen de me mettre dans les bottes de quelqu’un d’autre. »
Donner du sens à ses chansons
Comment s’opère le processus de composition/production chez Wassailer ?
W : « En général, j’ai des idées qui viennent souvent, ça dépend des évènements, mais ça peut être des rencontres, des livres, des documentaires, ou des discussions. Le soir, plutôt, et je les note ou je les enregistre, brutes (c’est la chance qu’on a, notre génération, de pouvoir tout noter, tout enregistrer, quasi-instantanément et pour pas cher). Les meilleures idées s’installent dans la tête, ne s’oublient pas. J’aime bien rester fidèle au brouillon, et surtout, m’assurer que je peux jouer les morceaux seul, sans production, qu’ils se suffisent à eux-mêmes. Après on quitte le côté architecture pour aller vers de la décoration, on choisit les couleurs, les textures : la production c’est plus esthétique, ça peut souvent mal vieillir d’ailleurs, comme les courants de mode.
Ce qui me paraît le plus important c’est d’écrire des chansons qui ont un sens, du fond, honnêtes. Et qui peuvent rester intéressantes hors contexte, ou dépouillées des sons qu’on a choisi pour le disque, en live, à capella ou en acoustique par exemple. »
Quel est le morceau dont vous êtes le plus fier depuis que vous faites de la musique ?
W : « Je pense que le morceau le mieux écrit de l’album, c’est peut-être « 242 ». Quoique. Mais la production la plus aboutie, c’est sûrement « Ghosts » ou « Son », je ne suis pas sûr. Après, je pense vraiment ce disque comme un ensemble de chansons qui créent un tout. Chaque morceau est une pierre à l’édifice sans laquelle le truc se casserait la gueule. Et je suis assez fier de tout l’album. »
Quel est votre gros coup de cœur du moment ?
W : « Lex Amor. »
Que peut-on vous souhaiter pour la suite de votre carrière ?
W : « Une tournée ! »
En attendant de retrouver Wassailer sur scène (allez… on y croit !), voici de quoi se régaler avec la toute fraîche vidéo du single « Song For Elsa ».
Wassailer – i, the bastard / Date de sortie : 27 janvier 2021 chez Empty Streets Records/Because Music.