Le temps passe, le temps presse, mais heureusement certaines choses ne changent pas (trop). A l’instar de ce concert donné par Angus & Julia Stone à la Médoquine de Bordeaux. Durant lequel le duo australien a rappelé qu’il conservait une part précieuse de son âme d’enfant.
Live Report.
Après une période de flou suivie d’un album éponyme en demi-teinte (chronique ici et contre-chronique là), Angus & Julia Stone poursuivent leur chemin. « Snow » se vend bien (cartonne même dans leur Australie natale). Mais qu’importe le contexte, Julia demeure cette poupée mutine (dont l’angélisme ne voile pas le talent). Et Angus ce doux rêveur roots à l’air toujours un peu ailleurs.
Le frère et la sœur débarquent sur la scène de la Médoquine avec cette perpétuelle simplicité qui leur va si bien. Comme d’habitude, la mise en place patine un peu dans l’approximation. Et comme d’habitude, on leur pardonne, d’autant plus que le visuel captive. Puis arrive « Cellar Door », titre fort de « Snow »… et bing c’est le déclic. Le duo embrasse sa vitesse de croisière.
Angus s’excuse pour sa voix qui n’est pas au mieux de sa forme. Mais quelque part… on s’en fout ! Déjà parce sa prestation vocale ne faiblit pas. Et aussi et surtout parce que la complicité fraternelle rayonne. Le duo parait heureux d’être ensemble et de retrouver son public. Ne manquant d’ailleurs pas une occasion de dialoguer avec la salle bordelaise.
Le charme candide qui semblait tristement égaré lors de la précédente tournée, agit de nouveau sans calcul. Que ce soit sur le rock/blues lancinant du récent « BloodHound ». Sur ce « Nothing Else » malicieusement mis en relief et nettement moins rigide que sa version studio. Ou encore sur l’intemporel « Private Lawns » : solo de banjo, break de trompette… Angus et Julia ravivent cette déconcertante facilité qui les rendait quasiment intouchables à leurs débuts.
Autre moment d’heureuse insouciance : « Big Jet Plane » interprété dans une version aérée malgré le poids de sa symbolique. Avec ce détail qui n’en est pas un : ce rire enfantin de Julia, toute joyeuse de contempler les portables qui s’allument à sa demande. En guise de flammes virtuelles célébrant la chanson emblématique du groupe.
Si les quatre musiciens qui accompagnent se révèlent impeccables, la prestation d’Angus & Julia Stone ne relève clairement pas d’une question d’excellence. Tellement plus de cette sorte de magie qui opère lorsque le frère et la sœur jouent ensemble. Cette aura particulière qui flotte, si simple et légère que l’on flotte avec eux.
Alors oui, il faut se faire définitivement une raison : Angus & Julia Stone ne sont plus des enfants ! Mais ils ont su conserver (voire même retrouver) une part d’insouciance et de spontanéité. Et pour des adultes, c’est déjà pas mal…
Del & Betty
Setlist :
– Baudelaire
– Make It Out Alive
– Cellar Door
– Heart Beats Slow
– Chateau
– Wherever You Are
– Bloodhound
– Private Lawns
– Who Do You Think You Are
– And The Boys
– Big Jet Plane
– For You
– My House Your House
– Snow
– Grizzly Bear
– Nothing Else
Rappel :
– A Heartbreak
– Soldier