Trois semaines de live non-stop, avec une programmation aussi remarquable que kaléidoscopique. Tant au niveau des artistes que des lieux dans lesquels ils se produisent… Antigel, c’est du lourd made in Switzerland !
Parmi la longue liste de l’édition 2019, figuraient notamment John J Presley, Low et Yann Tiersen. Retour sur ce tiercé gagnant en quelques mots et photos…

John J Presley : Voluptueusement blues
John J Presley en concert dans la halle genevoise de tri de la fondation Partage. Voilà l’illustration parfaite de la double vocation du festival Antigel. Inviter des musiciens (mais pas que) palpitants à se produire dans des lieux insolites.

Jamais brutal, parfois sauvage. Foncièrement sombre. John décharge son électricité blues avec une volupté incandescente. Et puis il y a ce timbre rocailleux, cette voix profonde qui fait frémir.

Le visuel n’est pas en reste. De noir vêtus, le songwriteur et ses deux acolytes jouent la carte de la sobriété élégante. Le lightshow, sans user de gros moyens, déploie une ambiance à dominante bleutée. Nuancée avec simplicité mais minutie pour mieux accentuer le cachet ténébreux de la musique.

Les singles connus (« True Love Waits » et « Rise And Fall ») sont un régal en live. Tandis que les autres morceaux de l’album « As The Night Draws In » se découvrent avec une once de fascination. A l’instar du pesant et habité « The Fear ». Ou encore de « Cold Water », instrumental porté par une batterie véloce.

Si son rock ’n’ blues transpire d’influences, John J Presley lui apporte quelque chose de bien à lui. Son dandysme so british. La classe quoi…

Low : L’insondable mystère
Une guitare, une basse, une batterie (version minimaliste)… difficile de faire plus basique comme configuration. Et pourtant Low possède ce don unique, celui de faire vibrer par son rock indie si riche émotionnellement.

Serait-ce la voix cristalline de Mimi Parker ? Ou le jeu félin de la basse de Steve Garrington ? Si la réponse se trouve peut-être en partie là, elle est certainement ailleurs aussi. Et puis de toute façon quelle importance ? Low, c’est un peu comme l’amour : si l’on parvient à l’expliquer, il perd tout son sens.

Alors autant fermer les yeux et se laisser envoûter par ce rock indéfinissable. Boule à facette dans l’obscurité, miroitant de reflets pop, noisy, alternatifs. Dont la lente et mélancolique rotation ne s’opère pas sans dommages collatéraux.

Lorsque l’on revient à la réalité, on se dit que ce moment privilégié est passé trop vite. Et en resongeant à la présentation d’Antigel d’avant concert, on ne peut que sourire : Low, « le meilleur groupe du Monde »… bien sûr, c’est exagéré. Mais finalement, ce n’est pas si loin de la vérité.
Yann Tiersen : Show comme la Breizh
Dire que Yann Tiersen était attendu de pied ferme à Genève relève de l’euphémisme. Ses deux concerts donnés dans la salle de l’Alhambra le même après-midi affichant complet depuis un moment.
La Bretagne se révèle donc la star Antigel du jour. D’autant plus que le compositeur brestois fera la part belle à ses derniers disques « EUSA » et « ALL ». Tous deux intimement empreints de son île d’Ouessant.
Un biotope musical dont le musicien va méticuleusement retranscrire la délicate versatilité. En solitaire avec son piano ou son violon. Mais également avec son groupe de musiciens/chanteurs puisque « ALL » s’appuie sur une grande diversité vocale. Sans compter le magnétophone siégeant en tout devant de scène, injectant de multiples captures sonores (chants d’oiseaux, notamment).
L’amalgame qui en résulte offre un voyage parsemé d’onirisme. Yann Tiersen louvoie entre longues éclaircies et instants plus écumeux. Jonglant avec ses instruments autant qu’avec nos émotions. Décollage assuré…
La cuvée Antigel 2019 n’est pas encore terminée qu’elle a déjà frappé fort. Alors inutile d’aller plus vite que la musique (surtout lorsqu’elle est aussi bonne !), mais n’empêche… difficile ne pas déjà penser à 2020. Pour les 10 ans de cet événement devenu incontournable en Suisse et au-delà de ses frontières…