Explorateur infatigable, Archive revient avec « The False Foundation ». Un dixième album studio ténébreux, mélodique et remarquablement dosé.
Alors que Restriction s’achevait sur une conclusion engagée, au chant habité, « The False Foundation » s’amorce dans un registre tout autre. « Blue Faces » se trame ainsi en une longue fresque initiée par un piano/voix dépouillé. De ses débuts fragiles, le morceau prend progressivement son envol vers une fin d’ampleur orchestrale. Nous sommes loin, très loin de l’originel Londonium malgré les sombres horizons qui s’augurent.
S’enchaîne sans discontinuité « Driving In Nails », plongée dans des méandres angoissants. Parcimonieux, le phrasé n’en demeure pas moins entêtant voire obsessionnel. Tandis que l’atmosphère flirte avec l’indus sur fond de chœurs aux effluves liturgiques.
En deux titres, Archive a posé le cadre de « The False Foundation ». Œuvre avant tout musicale, bâtie sur les rythmiques. Une sorte de cyclothymie electro oscillant entre convulsions (« The Pull Out », « Stay Tribal ») et accalmies nostalgiques (« Bright Lights », « A Thousand Thoughts »).
Tantôt compact, tantôt aéré, « The False Foundation » n’autorise pas une écoute reposante. Et d’ailleurs les écoutes, il faut les multiplier sans compter pour s’approprier ce disque tourmenté. Complexe dans son élaboration, passionnant dans son cheminement.
L’opus se clôt avec « The Weight Of The World », versant opposite de l’introduction. Cette autre longue (et réussie) composition basculant ici de l’agitation à l’apaisement. Danny Griffiths et sa bande bouclent une nouvelle fois la boucle. Et malgré la cadence impressionnante de ses publications, Archive propose un album d’une construction savamment réfléchie. Une œuvre progressive voire post-rock admirablement nuancée.
Après 20 années d’une carrière bien fournie, le collectif anglais continue de surprendre. Et l’on ne s’en lasse pas.
#EnMutationPerpétuelle
« The False Foundation » d’Archive, disponible chez Danger Visit/[PIAS] Cooperative.