Auteur d’un des meilleurs albums de rock français en 2015, Arman Méliès a posé ses guitares à Sénas en ce vendredi 10 septembre 2016. Nous en avons profité pour lui poser quelques questions.
MusiK Please : Arman, pourquoi ce titre « Vertigone » ? Une référence à l’album du groupe Venus ?
Arman Méliès : Non pas du tout. Au départ, j’avais le sentiment d’avoir inventé un mot. Je cherchais quelque chose qui tournait autour du vertige – vertige de l’amour, clin d’œil à Bashung avec qui j’avais travaillé – mais aussi le vertige amoureux. Je trouvais que le mot ne sonnait pas très bien, je suis donc parti sur Vertigo, en référence au film d’Hitchcock. Finalement, en allant voir Antigone au théâtre, j’ai eu l’idée de Vertigone, et là, j’étais très content de mon super titre. J’ai enregistré le disque et lors d’une des toutes premières interviews, un journaliste m’a dit qu’un disque de Venus s’appelait comme cela. Je le savais en plus, c’est clairement une référence inconsciente.
MP : Sur cet album, on sent une fascination pour le feu…
Arman Méliès : Oui, c’est quelque chose qui est revenu beaucoup dans le vocabulaire des différentes
chansons, mais ce n’est pas du tout volontaire, c’est venu naturellement. J’en avais un peu conscience car c’était déjà présent sur le disque précédent et l’on m’avait alerté là-dessus. Mais j’ai décidé de laisser libre court à mon inspiration et d’épuiser le filon plutôt que de m’interdire des choses.
MP : Et concernant la mythologie ?
Arman Méliès : La mythologie, c’est plus contrôlé. Des images me sont venues suite à différentes lectures et cela m’a séduit car je n’avais jamais utilisé le sujet. Que ce soit la mythologie antique ou des choses un peu plus bibliques que peuvent utiliser Nick Cave ou Tom Waits. C’est un sujet avec lequel j’avais envie de jouer depuis longtemps. Dans la mesure où j’essayais de retranscrire l’humanité traversée par des souffles divers – comme la vie, le désir – ou des envies spirituelles plus abstraites. Je me disais que jouer avec ces concepts se mariait très bien avec le côté lyrique que je donnais à l’interprétation de « Vertigone ».
MP : Échangerais-tu les critiques élogieuses de Vertigone contre un disque de platine ?
Arman Méliès : S’il faut choisir entre les deux, je pense sincèrement que sur le long terme, je prendrais plutôt les critiques élogieuses.
MP : Vas-tu continuer à balayer le spectre musical sur ton prochain disque ?
Arman Méliès : Il n’y a jamais eu de rupture stylistique contrôlée. C’est vraiment quelque chose qui est venu à chaque fois naturellement, parce que j’ai d’abord envie de me surprendre moi-même et de m’amuser. Il est aussi très probable qu’un jour, je puisse faire trois albums de même facture sans que cela me dérange pour autant. Le plaisir que j’éprouve à chanter les chansons de « Vertigone », qui sont beaucoup incarnées, me fait penser que je pourrais continuer dans cette veine.
MP : Te verrais-tu évoluer dans d’autres formes d’art que la musique ?
Arman Méliès : Le cinéma est un milieu qui m’attire énormément car il a un coté “oeuvre totale”. C’est très attirant, mais en même temps, je trouve que c’est tellement complexe dans la mise en oeuvre que cela me rebute un peu. En revanche, le compromis que j’ai trouvé, c’est de m’impliquer de plus en plus dans les clips. J’ai écrit et co-réalisé mes trois dernières vidéos, c’est ma façon à moi de faire des mini-films.
Sinon, j’ai d’autres envies : Je dessine depuis longtemps des choses assez spéciales à la façon des personnes qui pratiquent l’art médiumnique et qui une fois en transe font des dessins. Et découvrent ce qu’elles ont dessiné une fois revenues à la réalité. Alors pour moi, ce n’est pas du tout cela, je ne suis pas en transe mais j’éprouve vraiment un grand plaisir à griffonner des formes totalement abstraites sur des petits formats. Il y a six mois, une petite galerie parisienne m’a contacté et une partie de mes dessins sont exposés là-bas : C’est un rêve de gosse qui s’est réalisé.
Après, il y a un autre truc qui me parle beaucoup, c’est l’écriture d’un roman, qui est un style d’écriture totalement différent de celui de la chanson. Cela reste une envie très lointaine car les quelques fois où je m’y suis collé, je n’ai pas réussi à instaurer une discipline suffisante et à m’y tenir. C’est donc pour l’instant un rêve assez lointain.
MP : Passons maintenant à ta playlist intime. Le dernier titre que tu as écouté :
Arman Méliès : Tout à l’heure, dans le van, le dernier Angel Olsen.
MP : Un souvenir d’enfance :
Arman Méliès : La BO de « Il était une fois dans l’ouest » de Ennio Moricone qui me faisait très peur quand j’étais petit et qui en même temps me fascinait.
https://www.youtube.com/watch?v=cZ6borpw0Ss
MP : Ce que tu aimes écouter en voiture :
Arman Méliès : L’album « Revolver » des Beatles.
MP : Un titre pour se défouler :
Arman Méliès : N’importe quel titre de Slayer que j’écoutais beaucoup quand j’étais ado.
MP : En vacances ?
Arman Méliès : « Ryan Adams : Live at Carnagie Hall ». Ce disque a une prise de son incroyable.
MP : Un titre pour s’endormir ?
Arman Méliès : « Emerald And Lime » de Brian Eno.
MP : La chanson de ton oeuvre dont tu es le plus fier ?
Arman Méliès : « Venus » que j’ai composée pour Alain Bashung. Quand je l’écoute, j’ai un sentiment de fierté indéniable.
MP : Le pire cauchemar ?
Arman Méliès : Un morceau de Mylène Farmer que j’ai écouté hier et que je ne connaissais pas. J’ai trouvé ça vraiment nul.
MP : Le coup de cœur du moment ?
Arman Méliès : Le nouveau Nick Cave qui vient de sortir et que je trouve vraiment dingue.