Avec « In The Compagny Of Imaginary Friends », Dave Pen réalise une double passe de trois : et d’une, un troisième disque pour son projet BirdPen et de deux, son troisième album de l’année après ceux respectivement publiés par Archive puis We Are Bodies.
Dave Pen et Mike Bird, aka BirdPen, poursuivent leur cheminement composite sans oublier de se renouveler. Après une poignée d’EP autoproduits, un sympathique (mais pas franchement révolutionnaire) premier long format On/Off/Safety/Danger suivi d’un nettement plus avant-gardiste Global Lows (chronique ici), « In The Compagny Of Imaginary Friends » révèle une facette plus introspective du duo.
« Like A Moutain » ébauche tout de suite le décor, celui d’un paysage à forte vocation audiovisuelle au travers duquel les ambiances se développent dans la retenue. Une sobriété également de mise pour Dave dont le chant remarquablement posé s’autorise des envolées en totale adéquation avec le climat musical.
Bien sûr, difficile de ne pas songer à Archive (« Into The Blacklight ») dont Dave et Mike sont tous deux membres. Une comparaison qui s’avérerait par ailleurs restrictive tant BirdPen excelle dans la combinaison des nuances. Attelé à la quête d’une certaine alchimie entre rock sombre et quiétude nébuleuse, le binôme anglais n’a probablement jamais été aussi proche de son accomplissement. Une réussite annoncée dès le premier single « Lifeline ». Clip esthétique et illustration quasi parfaite de cette capacité à confronter les tensions, en évitant l’impact par le jeu des courbes.
Si les explosions sont rares, l’album n’est pas pour autant dépourvu de montées en puissance comme sur le très bon « Alive ». Bâti sur une succession multiple de textures alternant électrique/atmosphérique, le titre œuvre en un lent et tendu crescendo. Le chant de Dave s’emballe quant à lui progressivement jusqu’à scander le mot titre tel un mantra.
Autre ascension jubilatoire avec « No Place Like Drone » (une thématique actuellement en vogue dans le rock anglais). Une amorce nostalgique proche de la comptine s’étire jusqu’à un final contemplatif où une fois encore voix et musique se mêlent de façon exemplaire.
BirdPen s’accapare également le calme avec élégance. La jolie mélodie de piano de « Lost It » offre un écrin de douceur au chant alors que celui-ci finira par laisser subtilement sa place à une guitare aérienne. Particulièrement fluide malgré sa complexité structurelle, « In The Compagny Of Imaginary Friends » concède néanmoins quelques détours inattendus comme l’accélération rythmique de « Equal Parts Hope And Dream » en surprenante conclusion de l’opus.
Imprégnée d’une teneur songeuse, la voix de Dave prête à réflexion sans spolier l’apaisement. Chantant avec cette foi inaltérable, le britannique revient sur ses inquiétudes récurrentes (et légitimes…) concernant les dérives sous-jacentes de notre société moderne. Un tableau peu réjouissant qui reste cependant éclairé d’une perpétuelle lueur d’espoir.
Avec ce troisième album financé par leurs fans (via la plateforme PledgeMusic), Dave Pen et Mike Bird scellent définitivement la personnalité de BirdPen, duo rêveur, préoccupé mais nullement défaitiste. L’univers de « In The Compagny Of Imaginary Friends » propose ainsi une belle promenade d’anticipation qui à défaut de gaieté ne manque pas de poésie. Et si les amis de BirdPen sont imaginaires, l’intérêt du disque, lui, est bien réel.
Indice de satisfaction : 77 %