Grâce à sa cold-wave pas du tout déprimante, Black Marble livre avec la beauté froide de «It’s immaterial» un des disques réussis de l’automne.
Après un premier album («A different arrangement») passé un peu inaperçu en France en 2013 malgré l’énorme piste «A great design», Black Marble revient pour un nouvel essai en cette rentrée 2016.
En quatre ans, beaucoup de changements. Le duo composé de Ty Kube et Chris Stewart n’est aujourd’hui plus que le projet solo du second cité. Et ce dernier a composé, enregistré et produit tout seul dans son coin «It’s immaterial». Entamé dans son camp de base de Brooklyn, le disque s’est finalisé à Los Angeles où Stewart vit désormais. Enfin, il a signé chez le label Ghostly qui selon ses dires correspond plus à sa musique (Tropic of Cancer, Gold Panda…).
Des compositions qui se sont légèrement éclaircies sous le soleil de la Californie depuis le premier LP sous haute influence John Maus mais il s’agit bien toujours ici d’une synth wave très 80’s, sombre et gelée comme le laisse supposer le nom du groupe.
Après une intro dissonante, Black Marble frappe fort avec un triplé particulièrement réussi. Dès «Iron lung» la basse très Joy Division / New Order – il faudra un jour répertorier le nombre de groupes influencés par les Mancuniens… – donne le ton alors que les premières notes de synthés se dessinent. Le rythme enjoué et la voix de Stewart font le reste avant la superbe entame de «It’s conditionnal», toujours marqué par sa basse et ses synthés vaporeux dans un registre plus planant. Le single «Woods» complète ce triptyque envoûtant avec son tempo lancinant.
Après un «A million billion stars» dans le même esprit avec ses nappes à la Carpenter, le très beau et court «Missing sibling» seulement porté par une guitare très indie fait aussi office d’interlude avant que l’atmosphère se réchauffe un peu. «Frisk» et «Golden heart» lorgne ainsi presque vers de la pop mainstream des années 80.
Et si «Self guided tours» fait un peu trop penser à du Beach Fossils et consorts, le très autoritaire «Portland U» remet les choses en place avec le combo gagnant basse / synthé en augmentant la cadence. «Collene» n’est pas une conclusion très heureuse mais l’ambiance qui se dégage de «It’s immaterial» prête à la rêverie. Une rêverie brillante, très californienne paradoxalement vu le climat du disque. Une bande-son plus proche de Lynch et Easton Ellis que des dorures d’Hollywood.
By @manzeeee