Fin 1966, David Bowie convainc le patron de Deram Records d’enregistrer son premier album. 50 ans après, Musikplease vous propose de redécouvrir le premier disque du Thin White Duke .
Le contexte:
David Jones, qui n’a alors que 20 ans, cherche sa voie entre quelques compositions pop/folk et un détour par le mime sous son nom de scène David Bowie en référence à James Bowie pionnier américain du XIXème siècle.
Après quelques 45t, l’album David Bowie sort le 1er Juin 1967. Soit le même jour que Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles, album fréquemment cité parmi les meilleurs albums de tous les temps. Autant vous dire que ce mastodonte a dû faire un peu d’ombre au petit blondinet et ses chansons pop. De manière plus générale, on peut dire que 1967 est placée sous le signe des premiers albums car c’est également cette année là que Pink Floyd et les Doors commetront leurs premiers méfaits.
L’Album:
14 titres écrits et composés par Bowie pour une durée totale de 40 minutes. L’ingénieur Gus Dudgeon effectuera là sa seule collaboration avec l’artiste avant d’être remplacé par Tony Visconti dès le deuxième album. A la première écoute, plusieurs impressions émmergent. La plus frappante est la dualité de Bowie. Ce premier album pourrait quasiment être scindé en deux: une première partie pop, (trop) classique et une deuxième plus aventureuse. Un peu comme si le jeune homme de 20 ans, était partagé entre faire de la musique dans l’air du temps ou la faire évoluer selon ses propres inspirations.
Citons par exemple Sell Me a Coat ou Love You Till Tuesday, qui, malgrè des mélodies accrocheuses semblent très simplistes voir naives en rapport aux compositions que pondra Bowie quelques années plus tard. La basse et la batterie ne sont là que pour appuyer une rythmique basique. La guitare, quand à elle, égraine la mélodie et les cordes enrichissent pompeusement l’ensemble. En revanche, la seconde partie de l’album est beaucoup plus prometteuse. Le titre Rubber Band fût composé bien avant l’écriture de l’album (c’est d’ailleurs avec la maquette de ce titre que Bowie convaincra les managers de Deram de le signer sur leur label). Dans son style baroque/pop, ce premier single correspond déjà beaucoup plus au style que Bowie définiera plus tard. Citons également Join The Gang, dans un style cabaret, avec ses arrangements loufoques ou la magnifique complainte Silly Boy Blue ou encore la valse Little Bombarder. On cite beaucoup Bob Dylan comme influence majeure de l’album mais à part l’utilisation de la guitare folk, j’ai un peu de mal à retrouver la patte du génial compositeur américain. En revanche, l’influence d’Anthony Newley est évidente: Bowie calquant son chant sur celui de cet acteur/chanteur britanique très réputé à l’époque. David lui reprend également sa façon de théatraliser ses chansons en leurs donnant une dimension music hall. Sur cette vidéo la ressemblance vocale est frappante.
https://youtu.be/88XhOhTK3iU
Le Clip: Sell Me A Coat
La jeune fille qui apparait dans le clip est Hermione Farthingale alors girlfriend de Bowie avant qu’elle ne le quitte pour un danseur. David lui écrira plus tard la chanson Letter To Hermione et avouera qu’elle est également The Girl of the Mousy Hair dans la chanson Life on Mars?
https://youtu.be/iFvYX3QWre0
L’anecdote
En 1969, le manager de Bowie, Kenneth Pitt, décide de tourner un film promotionnel pour son poulain qui peine à trouver une maison de disque suite à l’échec de ce premier album. Le film Love You till Tuesday est une succession de clips mettant en scène The Feathers, une compagnie de mimes que Bowie a monté avec sa girlfriend Hermione et un ami John. On retrouve principalement des titres de ce premier LP mais également des nouvelles compositions. L’une d’elles plait tout particulièrement à l’équipe technique du film qui la chantera sans cesse durant le tournage. Ce titre est Space Oddity.
Le Vinyl
C’était à prévoir avec le temps et l’immense succès de Bowie: ce premier LP a pris de la valeur. Beaucoup de valeur même puisque la côte du LP de 67 en Stéréo est à 1800€ quand la version mono se négocie à plus de 500€. Pas mal pour un disque qui avait connu un échec commercial lors de sa sortie. Plus accessible, une réédition de 1984 se trouve un peu partout pour une vingtaine d’euros.
Verdict
En écoutant cet album on découvre un David Bowie tendre et attachant qui possède déjà une plume intéressante mais s’éparpille en se cherchant une identité musicale. Dès le deuxième album il saura catalyser cette énergie créative pour écrire son premier chef d’oeuvre.
Indice de Satisfaction: 67%