School Of Seven Bells s’évapore avec la disparition de Benjamin Curtis. Reste sa complice Alejandra Deheza qui finalise malgré tout le disque « SVIIB », fruit posthume d’une dernière collaboration.
En portant à bout de bras (et avec cœur) l’enregistrement de l’ultime album initié ensemble lors de l’été 2012, Alejandra rend hommage à Benjamin. Tout comme elle étoffe la discographie de School Of Seven Bells d’un opus bien plus essentiel que superflu.
« SVIIB », titre symbolique que cette abréviation du nom du groupe pour en clôturer l’histoire. Après le départ de sa sœur jumelle Claudia en 2010 puis la disparition prématurée de Benjamin Curtis trois ans plus tard, Alejandra Deheza prend du recul. Elle déménage, change d’air et décide finalement d’enregistrer ce quatrième disque.
Nécessairement, les premiers instants de « SVIIB » résonnent avec étrangeté. Mais la nostalgie empreinte d’« Ablaze » n’en bride pas le plaisir d’écoute. En reprenant les choses là où les avait laissées le formidable Ghostory, le morceau d’ouverture donne du baume au cœur. L’éther eletro pop de School Of Seven Bells continue bel et bien de flotter.
Le choix Justin Meldal-Johensen pour remplacer Benjamin à la production se révèle judicieux. Fidèle à l’univers évanescent du groupe, « SVIIB » fait preuve d’homogénéité, offrant par ailleurs son lot de titres enjôleurs. A commencer par le single « Open Your Eyes », dont la trame aérée et le travail des harmonies vocales dégagent une certaine bienveillance.
Le disque s’autorise quelques réminiscences du passé (la mélodie du refrain de « Signals » en écho à celle de « I L U»), mais prouve avant tout que School Of Seven Bells aura été de l’avant jusqu’au bout. Rappelant avec des chansons comme « Elias » que le duo n’a pas son pareil pour tisser un spleen de velours.
Moins rythmé que son prédécesseur, « SVIIB » est également plus posé. Si sa vulnérabilité chemine en filigrane (« Confusions »), Alejandra racontre l’histoire du groupe sans sombrer dans l’écueil facile du pathos. En dépit de leur symbolique lourde, les paroles sont chantées avec grâce et sérénité jusqu’au touchant final « This Is Our Time ».
Alejandra Deheza a donc accompli la tâche qu’elle s’était imposée. Probablement a-t-elle un peu guéri. Quant à l’étoile de Benjamin Curtis, elle doit certainement briller avec fierté.