MGMT est de retour avec « Little Dark Age », un quatrième album aussi bordélique qu’inspiré et profondément marqué par les années 80.
Cinq ans. C’est le temps qu’il a fallu à MGMT pour revenir dans la danse avec le foisonnant « Little Dark Age ». Une éternité à une époque où des groupes de garage enchaînent cinq albums dans l’année. Mais le duo américain est définitivement à part. Il y a peu d’exemples récents d’artistes prêts à casser le jouet d’un succès planétaire tout tracé pour conserver une intégrité musicale quasi-dogmatique. Aidés par Dave Fridmann et Patrick Wimberly (Chairlift) à la production et la collaboration des deux défricheurs que sont Connan Mockasin et Ariel Pink, ils restent encore fidèles à leur doctrine d’une pop exigeante et innovante sur un nouveau LP sous forme de bazar d’inventivité.
Car Ben Goldwasser et Andrew VanWyngarden, ces moines soldats de la pop moderne, étaient au firmament il y a dix ans avec leur extraordinaire premier album « Oracular Spectacular » et sa kyrielle de tubes (« Time To Pretend », « Electric Feel ») au point que l’un d’entre eux (« Kids ») servira à illustrer les meetings de Nicolas Sarkozy (ce que le groupe fera retirer fissa obtenant même des dédommagements). Ils répondront en 2011 par le psychédélique et grandiose « Congratulations » et son monumental « Siberian Breaks » qui commençait déjà sérieusement à les éloigner du rock de stade. Une démarche extrémiste qui se terminera en 2013 par un « MGMT » franchement hermétique, même pour les oreilles les plus curieuses.
Medley 80’s
C’est dire la curiosité qui entourait les nouvelles compositions du duo désormais séparé géographiquement entre Los Angeles et New-York. Si les premiers extraits se voulaient très rassurants (le goth et impeccable « Little Dark Age », le parfait « When You Die » et ses rires signés Sébastien Tellier), il fallait encore valider tout ça sur la durée d’un album au discours très critique sur l’époque actuelle (d’où le titre).
Toujours aussi imprévisibles, les deux compères reviennent finalement en prenant une direction inattendue. A l’image du premier single, le disque est sous très haute influence 80’s mais propose une palette suffisamment large et inspirée. Il serait injuste de parler simplement de musique des années 80. Ils sont plutôt aller puiser avec goût dans la folie, la couleur comme la noirceur et l’immense variété musicale qu’a générée cette période.
Ce qui donne du pur hit new-wave (« Me And Michael »), du funk hybride parfois déjanté (l’improbable guitare hispanisante de « TSLAMP »), parfois brumeux (« Days That Go Away ») ou plus de douceur avec « James » et la soul cotonneuse de « Hand It Over ». Et si le démon du psychédélisme très « floydien » de « When You Small » renvoie à un certain classicisme MGMT, la candeur et l’emphase de « Only Thing Left To Try » ramène lui, sous une autre forme et avec brio, aux hymnes de leur débuts. Les amoureux de la perfection d’écriture pop des deux premiers albums seront probablement parfois déçus et bousculés, mais MGMT confirme qu’il est un groupe précieux dont la relance est une nouvelle bien rassurante.