Avec le bien nommé Assume Form le chanteur anglais James Blake va au bout de sa musique et de ses ambivalences. C’est du James Blake et ça ne ressemble à rien d’autre

Figures de style assumées
Le premier titre et son piano hésitant sur lequel James Blake semble chercher ses notes. Puis au fil du morceau avec l’apport des synthés et des choeurs, l’ensemble devient beau et cohérent. On retrouve cette ambiance faussement bancale si singulière à James Blake tout au long de ce Assum Form. Les cordes de Into The Red, la ballade I’ll Come Too sont des instants lumineux qui n’avaient pas leurs places sur d’anciens albums.
De l’electro/pop abstrait avec des trucs de R’n’B et hip-hop.
James Blake
Des voix time-stretchées, toujours beaucoup d’effets, de reverb, de transformations vocales, de pitch; Cela fait partie de la virtuosité de James Blake. Certes sa voix est très belle mais ça ne suffit pas. Il faut qu’il la détourne, qu’il la bouscule, qu’il la bousille même parfois. C’est sa touche. Si il ne s’amusait pas avec les boutons et sa souris, ce ne serait pas du James Blake. Il a toujours assumé cette simplicité, ce coté brut de décoffrage qui s’apparente à de la folie pour certains.
Le final somptueux Lullaby For My Insomniac démontre que les lignes de piano et la voix restent bien au coeur de la démarche artistique de James Blake. Cette recherche de la « mélodie qui donne les poils » est présente dans chacune de ses compositions. Pas de déchets dans cet album plus court que le précédent (12 titres).
Les invités de Assume Form
Andre 3000 et Travis Scott pour ne citer que les plus illustres. D’ailleurs on parle pas ici d’invités, de featuring, mais de co-auteurs. Uniquement séparés par une virgule, les artistes Metro Boomin et Moses Sumney sont aussi de la partie. La production est confiée à Dominic Maker (Mount Kimbie) pour un résultat plus minimaliste et dépouillée que le précédent Colours of Anything. Nous sommes surpris de ne pas y retrouver Kendrick Lamar avec qui James Blake a récemment travaillé sur le B.O.F de Black Panther.
Les acquaintances de la musique de James Blake avec le hip hop se font sentir dans le son comme dans le verbe. On évoque trop peu les paroles de ces chansons, mais il se trouve qu’elle ont du sens et son porteuses de messages. Une force de la pensée qui se retrouve renforcée par un approche quasi religieuse de la mélodie. Les chants, le choeurs, souvent répétitifs, raisonnent parfois tel un gospel en solo, ou comme des cantiques.
Assume Form, la suite logique
Ses ambiances célestes et sa touche urbaine font de Assume Form un album hyper contemporain. À travers cet album (encore) intemporel James Blake repousse les barrière de la musique électronique . Il est loin le bon vieux CMYK de ses débuts, et pourtant Assume Form s’inscrit pleinement dans la suite logique des aventures James Blake.
#DuVelour
© Pierre & Kinou