Chilly Gonzales ouvrait la dix-septième édition des Nuits Sonores de Lyon. Et sans surprise, le pianiste canadien a assuré le show. Tant par son talent protéiforme que son génial sens de l’humour.
Live report.

Habituées à débuter leur festival par un concert annoncé comme « spécial », les Nuits Sonores tiennent encore leur promesse. Après le colosse Kamasi Washington en 2018 (live report ici), la tâche a été confiée cette année à Chilly Gonzales. Qui aura lancé les festivités de manière bien différente mais tout aussi personnelle. Dans un Auditorium, comme de coutume, plein à craquer. Introduction réussie pour cette cuvée 2019 du festival lyonnais battant de nouveau des records d’affluence. Avec notamment près de 70 000 personnes sur les principaux sites (contre 50 l’année dernière).

Chilly Gonzales débute seul sur scène, vêtu de sa légendaire tenue « de gala ». Il n’y a que lui pour assumer le spectacle en pantoufles et robe de chambre brodée à son nom. Lui seul pour sortir un peigne de sa poche et se recoiffer consciencieusement avant d’attaquer le rappel. Ou encore reprendre « 4’ 33’’ » de John Cage, soit 273 secondes de silence total qu’il tiendra dans son intégralité… montre en main !
Pianiste No Limits
Chilly commence donc en solo, enchaînant deux séries de plusieurs morceaux. Il sera rejoint ensuite par la jeune violoncelliste Stella Le Page. Puis un peu plus tard par un batteur sobre mais précis. Une configuration évolutive qui permet de souligner mieux encore l’impertinence virtuose de ce musicien inclassable. Passant du classique pudique au rap décomplexé. Dérivant de Kurt Cobain à Britney Spears (dont il finira par mélanger leur respectif « Smells Like Teen Spirit » et « … Baby One More Time »), sans oublier l’admirée Françoise Hardy. A lire cet amalgame des plus improbables, on pourrait imaginer un rendu totalement foutraque mais il n’en est rien. Sa loufoquerie ne met que plus exergue la remarquable dextérité de ce pianiste hors norme. Entre humour décapant et autodérision, les prises au sérieux sont proscrites. Mais aussi nombreuses et drôles soient-elles, jamais les pitreries ne déplétent le jeu de cette impeccable rigueur (la précision du dialogue piano/violoncelle sur « Dot »).
A l’instar d’Ibrahim Maalouf avec sa trompette, Chilly Gonzales démocratise le piano sans en assombrir la technicité. Au contraire, il éclaire sa maestria d’une lumière ludique au prisme incroyablement éclectique. Mégalo certes, mais généreux et surtout brillant… respect Monsieur Gonzales !
#SaleGosseVirtuose