De La Soul a pris son temps, et nous aussi avant de retourner ce huitième album dans tous les sens. En bien des points l’album and the Anonymous Nobody a quelque chose d’historique.
Tout d’abord, “and the Anonymous Nobody” est une oeuvre financée par les fans; Le fruit d’une campagne de crowdfunding couronnée de succès. Dans une industrie musicale toujours en mutation, voir un groupe arriver à ses fins hors des sentiers battus et des pièges du Music Business est dores et déjà une belle prouesse. Et quand le résultat se confirme sur le plan artistique, on ne peut que se réjouir. Transparence oblige, voici les chiffres en détail (une illustration de 90BPM.com ).
De La Soul ne s’est pas éteint depuis 2004 (date de The Grind Date). Ils ont enchainé les featurings et les concerts sans interruption. Que ce soit avec Damon Albarn pour Gorillaz, ou des beatmakers français français Chokolate et Khalid en 2012, De La Soul ne s’est jamais fait oublier, y compris sur scène (on s’en souvient encore).
Alors ce nouvel album 100% libre et financé par les fidèles ne trahit pas ses promesses. De La Soul a très bien utilisé l’argent de ses fans.
Commençons par Genesis, cette sublime introduction spoken word de la diva Jill Scott nous plonge directement dans ce que la musique a de plus beau à nous offrir en cet an 2016. Royalty Capes et sa bonne batterie bien grasse lance les hostilités sur des airs et un hymnes cavalier.
Puis arrive le titre funky de l’album: Pain accompagné de Snoop Dogg. Voilà ce le hip hop a de plus groovy à nous offrir avec un hymne à la Ain’t No Good ‘feat Chaka Khan mais en plus soft comme l’ensemble de cet album d’ailleurs. Le mot soft pourrait bien caractériser and the Anonymous Nobody tant les notes les rythmes les arrangements de cet album sont délicats. C’est “espacé”, minimaliste.. Un “album de musique” avant d’être un album de genre.
Mais poursuivons le voyage avec le très ‘soulful’ Property of Spitkicker.com feat. Roc Marciano. Un beat, une note d’orgue, une basse bien ronde.. Un son rond, un tapis instrumental luxueux pour des MC’s aussi en verve q’aux premiers temps: la sagesse de l’âge en plus.
Memory of… (US) avec la britannique Estelle et le grand Pete Rock est une petite petite caresse orchestrale.. déjà dans les classiques. Un long refrains.. de petits couplets de rap.. tout est dans l’attente.. Et quand De La Soul l’interprète avec The Roots sur le plateau du Tonight Show de Jimmy Fallon.. c’est comment dire .. Somptueux.
En bon new yorkais qui se respectent le groupe rend un hommage au rock avec l’interlude CBGBS. Clin d’oeil au club rock légendaire de Manhattan et aujourd’hui fermé. Et l’album déroule avec un duo inédit avec David Byrne ( des Talking Heads) et une ballade de Usher, Greyhounds. Des soutiens de poids n’est ce pas?
Sexy Bitch.. est une autre interlude (ou Skit) sympathique, un penchant pour les “parenthèses” habituel chez De La Soul, et cet album ne déroge pas à la règle. Les bruits de pas de Sexy Bitch réveille de vieux souvenirs (Ego trippin 1993). L’autre surprise de l’album est la présence de Little Dragon avec le titre Drawn. Une chanson qui n’a presque rien de hip hop et qui pourtant s’intègre parfaitement à cet OVNI musical. Autre influence pop, le renvoie d’ascenseur de Damon Albarn sur le titre Here in After. Damon Albarn dont l’âme plane sur l’album.
De La Soul incarne le progrès qu’il revendique depuis toujours. Sans l’usage des samples, dont De La Soul écrivit aussi l’histoire, la chimie est différente. Mais l’esprit est bien là. Dans le fond, la forme, dans la fin et les moyens, le groupe réussi une oeuvre de haute voltige pour et grâce à monsieur tout le monde.
#Hip-storique #Hop-VNI