« Les autres rappeurs rappent des film, je rappe des documentaires » Lucide, encore une fois ce Disiz. Après Extra Lucide voici Transe Lucide, 15 ans de carrière. Un album à facettes, du rap intelligent et politiquement correct au risque d’en devenir transparent.
Indice de satisfaction 59%
Transe Lucide dans Le texte:
Disiz ne perd rien de son verbe et de sa superbe. Banlieusard Syndrome (ci-dessous) impose d’entrée de jeu. Un titre qui interpelle. « Si tu viens pas d’un Tieq* tu ne sais pas ce qu’il s’y passe » Alors Disiz donne le contexte. « Tu porte le masque de mec de tess**, t’as le banlieusard syndrome » nombreux se reconnaitront. Puis le titre Miskine confirme l’ancrage « street » avec cette expression bien du quartier qu’on traduit aussi par « peucheure ». Mais ne nous enflammons pas, Disiz ne signe pas ici son manifeste hardcore. Il y a la dose de titres pop, électro et légers conçus pour sauter comme Kamikaze (taillé pour haranguer la foule), Complexité Française, ou encore Echo. Mais en somme, le message est clair : Luv (Prends Le Risque). Approuvé !
Les instrus de Transe Lucide :
Le son est propre, ultra propre, blindé de synthés et de beats puissants comme sur Burn Out (Sayonara). Beaucoup de rythmes lents façon Dirty South comme sur MC Kissinger (aux samples télévisuels de Finkelkraut, Sarkozy et Discobitch) Fuck les problémes, Miskine (etc..) Mais aussi du son à 120 bpm et des refrains, plein de refrains (trop!) dont 2 featuring avec la chanteuse Mad. La palette est large et le sample somptueux de Henry Mancini sur King Of Cool. Le tire cool par excellence bienvenu au milieu de l’album. La conclusion avec Simon Buret (le chanteur de Aaron) confirme la couleur ultra pop, quasi dance de l’album Transe Lucide.
Le flow de Disiz :
Là aussi, on connait l’animal, il est habile. Pas de révolution dans son style. Un flow qu’il a su faire évoluer au fil de ses albums. « Di Disiz Di Di Disiz » a un peu mis de coté ce petit tic qu’il a bien exploité dans Extra-Lucide. Les fans comprendront de quel bégaiement stylistique je parle. Son flow est bon, imaginatif et le place toujours dans les bons MC français.
En conclusion:
Un documentaire est-il censé finir par une Happy End ? C’est le cas avec ce dernier titre. C’est la contradiction de cet album. Intelligent dans les lyrics, avec un message clair sans aucune ambiguité ou provocation gratuite. Cette Complexité française, il en parle bien mais avec un son un peu artificiel, on se serait bien passer des 2 titres auto-tunés. Mais c’est aussi ce petit coté « radio frendly » qui fait de Disiz reste un rappeur accessible et cool qui sait aussi prendre des risques (comme son album electro-punk et ses collaborations avec Grems). Son coté lisse (et sa maison de disque) en font un des rares rappeurs encore invité à la télé. Alors oui c’est du « rap commercial » diront les jaloux mais c’est bien du Hip Hop comme on en fait en 2014.
*quartier / **cité