Amoureux de la musique, Ibrahim Maalouf démontre qu’il l’est également des femmes avec « Red & Black Light »/ « Kalthoum ». Un diptyque affranchi des genres pour un double hommage à la hauteur de la féminité : subtil et nuancé.
Le genre : Jazz sans frontières.
Le résumé : Prolifique au-delà du raisonnable, Ibrahim Maalouf revient avec les faux-jumeaux « Red & Black Light » / « Kalthoum ». Deux disques d’approche foncièrement différente puisant en outre une source d’inspiration commune : les femmes. Celles qui ont marqué le passé (« Kalthoum »), celles qui donnent foi en l’avenir (« Red & Black Light »).
Volet I : « Kalthoum »
Bercé qu’il fut par la voix d’Oum Kalthoum, Ibrahim partage un peu de son enfance sur ce disque bien nommé. Ainsi la chanson « Alf Leila Wa Leila » de la diva égyptienne se trouve retranscrite au travers de cet opus de jazz classique construit en une succession de mouvements. Si la forme reste conventionnelle (batterie, contrebasse, piano, saxophone et bien sûr trompette), le quintet acoustique ne se refuse aucunement quelques distorsions orientales du meilleur effet.
Réputée pour son audace en matière d’improvisation, la glorieuse Kalthoum ne pouvait espérer mieux pour louer sa postérité que cet effronté d’Ibrahim Maalouf ! L’improvisation, ce touche-à-tout en a justement fait son cheval de bataille et il ne s’en prive pas sur cet album enregistré en deux petites heures (après tout de même deux années de préparation).
Réservé à un auditoire averti ou simplement ouvert d’esprit, « Kalthoum » n’en demeure pas moins passionnant et rayonnant du plaisir de jouer des musiciens qui lui donnent vie.
Le titre en écoute : « Movement I ».
Volet II : « Red & Black Light »
« Red & Black Light » développe quant à lui un jazz fusion, électro voire rock. Du jazz foncièrement pop en somme, varié et entraînant. Les mélodies s’impriment instantanément en dépit d’arrangements complexes, probablement trop d’ailleurs aux oreilles des jazzmen puristes.
Mais cet ouvrage sophistiqué aspire à l’accessibilité comme au métissage des genres, et ce au risque d’agacer de par cette propagation stylistique tous azimuts. L’ensemble se révèle néanmoins cohérent et intelligemment canalisé, à l’image de la symbolique conclusion, reprise de « Run The World (Girls) » de Beyoncé. Sorte d’écho des temps modernes à Oum Kalthoum, l’américaine hyper médiatisée repousse elle aussi à sa manière les tabous et trace un sillon.
La boucle est bouclée et Ibrahim Maalouf nous rappelle au passage que comme dans beaucoup de domaines, les limites de la musique sont celles que nous lui imposons.
Le titre en écoute : « Red & Black Light ».
Indice de satisfaction : 77%
« Red & Black Light » et « Kalthoum », disponibles chez Mi’ster Productions.