L’un des meilleur album de rap de tous les temps reste malheureusement d’actualité. Fear Of A Black Planet, troisième album légendaire de Public Enemy est paru il y a 30 ans.

Rap polémique… Pas étonnant qu’en 1990 (et au delà) MTV préférait diffuser les frasques et les excès du gangsta rap west coast sur ses ondes plutôt que le rap politique de Public Enemy (à moins d’attendre le vendredi tard le soir pour mater l’émission Yo Mtv Rap, dans le monde d’avant internet). L’album Fear Of A Black Planet étonne déjà de part son titre coup de poing (“Peur d’une planète noire“) et ses chansons évocatrices:
« 911 Is A Joke », « Burn Hollywood Burn »,« Can’t Do Nuttin for Ya Man » ou encore « Fight the Power », (qui sera immortalisé sur pellicule dans Do The Right Thing de Spike Lee). Les titres parles d’eux même et cet album est une pierre angulaire du rap. La condition des noirs aux Etats Unis est au centre du sujet, sur des rythmes funky et rapide. L’influence dans le fond et la forme sera majeure sur toute la discipline. Il suffit d’écouter les premiers albums de IAM ou NTM pour s’en convaincre.
Une véritable tempête musicale s’abat sous les oreilles du monde entier en 1990, les scratchs de Terminator X, les charges politiques des MC Chuck D et Flavor Flav vont insuffler un vent révolutionnaire dans le rap remettant au gout du jour les Black Panthers. En concert et dans les clips, Public Enemy se produisait accompagné un service d’ordre armé et auto-proclamé ‘ sécurité du premier monde ‘, leur slogan: L’apocalypse a deja eu lieu mais vous ne vous en êtes pas rendus compte‘
Le rap est notre CNN à nous, le CNN du ghetto
Chuck D
Le succès des deux premiers albums de Public Enemy ne fera pas édulcorer ni les propos, ni la musique du groupe. Au contraire, Dans Fear Of A Black Planet, Public Enemy, intensifie d’avantage sa lutte. Musulmans affirmés, ils osent aussi aborder la condition féminine sans mettre des femmes presque nues dans les clips. Une sale habitude qui perdure encore dans le rap actuel.
Coté musical ou pourrait dire avec ironie que c’est un des derniers albums rock, voire même punk du siècle dernier. Les samples de funk sont noyées dans une masse sonore industrielle, des bruits de machines, des sirènes; un univers froid et glaçant qui crée un climat de tension permanente. C’est toute la nation noire américaine qui crie et qui manifeste contre l’hérésie d’un pouvoir castrateur.
Le meurtre atroce de George Floyd nous rappelle à quel point la violence n’engendre que la violence, et à quel point 30 ans plus tard, le combat n’est malheureusement pas terminé.
#ManifesteUniversel
