Et si Frank Ocean incarnait la “pop” intelligente? Son second album Blonde semble faire l’unanimité plongeant la presse musicale internationale dans l’hystérie.
Pour son retour tant attendu, Frank Ocean frappe deux fois:
- :Endless, Un premier album visuel (exclu Apple Music) qui se situe entre ambiant-pop soporifique et électro vaporeuse. Une oeuvre principalement co-produite par Sebastian. Un album dit visuel servi par un clip géant et ennuyeux en noir et blanc de 45 minutes dans le quel on voit deux personnes fabriquer un escalier en colimaçon dans un atelier très épuré.. Bon .. considérons que ce n’est qu’un teasing XXL curieux et inventif. Pour ne pas dire “chiant”.
- Blonde, le LP dans les règles de l’art. Second album studio de Frank Ocean lui aussi disponible en exclusivité sur la plate-forme de Streaming de la pomme et sur les diverses plateformes illégales* (* Tel est la conséquence du morcellement du marché du Streaming = Un retour sur nos bon vieux players MP3).
Penchons nous sur Blonde piste par piste:
1- Nikes : Inspiré par ce que symbolise “la paire de Nike”. Critique du matérialisme et du diktat des marques en général. Musicalement cette introduction à Blonde est épurée, agréable si on fait abstraction de la voix détunée qui surprend au début (James Blake sort de ce corps!). On comprend mieux lson utilisation au regard du dialogue présent dans le clip (étrangement absent de la version audio).
2- Ivy : Cordes et belle mélodie en avant, ce titre est est une pure démo enregistrée en 2013 à Munich pour la première date de sa tournée européenne. C’est dans son hôtel que Frank Ocean chante et hurle même à la fin de la chanson. Il évoque sa première histoire d’amour. Ivy est Un texte sur le passé et ce qu’on en pense en vieillissant.
3- Pink + White : Avec l’appui vocal de Beyoncé au chœurs et sur une production de Pharrell Williams et Tyler The Creator.. Rien que ça. Frank Ocean y parle de pink + white, c’est à dire: vagin & Cocaïne, un anecdote dans la chanson qui parle de baiser sous coke.. Rien que ça.
4- Be Yourself (interlude): Un Message téléphonique authentique et préventif d’une mère à son fils. Un avertissement contre la drogue et particulièrement contre la Marijunana, l’alcool et la cocaïne. Comme une mise en garde après le titre précédent?
5 Solo : Solo, ou So Low.. vous voyez le jeu de mot? Orgue sample et voix, une formule qui va bien à Franck Ocean qui parle ici de solitude, de rêve.. “Two grams when the sunrise, Smoking good, rolling solo” .. Le paradis est en enfer.. allez comprendre..
6- Skyline To : Sur une production de Tyler The Creator et avec un doublage de Kendrick Lamar, Frank Ocean expulse ses pensées et expériences liées au sexe et aux drogues (Oui encore). Niveau Musical, le nappes reverbs, cordes et rythmes filtrés sont plus que jamais au rendez vous. Mais comme plus haut, ne vous attendez pas à un featuring. Kendrick Lamar ne fait que les “backs”.. c’est discret.
7- Self Control : Il est ici question d’une pensée qui nous a tous(tes) un jour ou l’autre traversée l’esprit. “Je ferais bien l’amour avec cette personne”. D’où le titre Self Control. Il en faut.. On note la présence de Austin Feinstein (star montante de l’indie pop de L.A.) et Yung Lean au choeurs.
8- Good Guy : Ici aussi ça sonne comme une démo. Captation de la voix approximative, mais avec un Fender Rhodes tout passe. On y parle de “trouver la bonne personne” en s’appuyant sur une expérience vécue. Frank y confie une rencontre lors d’une “blind date”. L’un cherchait une expérience d’un soir alors que lui quelque chose de plus durable. Il finit en évoquant brièvement sa difficile d’insertion sociale en tant qu’homosexuel.
9- Nights : Une nuit avec Frank Ocean, il y parle des petites risques, de son départ de Louisiane. Il y rappe aussi, et même plutôt bien. Le son est résolument urbain la guitare évoque des sirènes avant la seconde partie du titre, plus calme, plus love.. fin de nuit. Trap, R’n’b…
10- Solo (Reprise). Comme son nom l’indique il s’agit de la reprise de Solo (voire plus haut) par Andre Benjamin.. Oui Oui un Andre 3000 en verve qui rappe comme un dieu. Très bonne interlude.. ou titre court. À vous d’apprécier.
11- Pretty Sweet : Départ très bruyant.. Pour un beau message de paix. Frank appelle les hommes et les femmes à se respecter tant qu’on est encore en vie.. Le titre a une connotation biblique. Prendre soin des autres face à tant de destruction c’est ça l’idée. Peace !
12- Facebook Story (interlude) : Il ne s’agit pas ici d’une chanson mais d’un petit monologue du producteur Sebastian (le français qui intervient à plusieurs reprises sur Endless et Blonde). Sébastian évoque une expérience personnelle d’une fille qui l’a quitté à cause de Facebook.
13- Close to You : Ce titre court est un clin d’œil au remix de la reprise de Close To You (Burt Bacharach/Hal David) de Stevie Wonder. Elle fait écho à l’interlude précédente. Être proche ..mais pas sur facebook.
https://www.youtube.com/watch?v=ARkcpUuqIW4
14- White Ferrari : L’allégorie de la Ferrari blanche (en opposition au rouge qui la caractérise). Blanc comme l’innocence, la poudre.. Le culte de l’existentialisme (thème récurent chez Frank Ocean) est à nouveau présent. John Lennon et Paul McCartney sont crédités sur ce titre en rapport à la citation are “Here, There and Everywhere.”, Mais c’est James Blake qui accompagne Frank Ocean sur ce titre.
15- Siegfried : Un titre qu’il joue depuis 2013 en live. Allusion à Sigfried la bataille ? le poète bisexuel ? ou au personnage de la série Soul Calibur (comme sur la mixtape Nostalgia Ultra)? En tout cas le texte parle d’amour, d’engagement.. Et de ne pas se tromper de vie.. Il vaut mieux partir avant qu’il ne soit trop tard?
16- Godspeed : Les orgues, les synthés, les voix déformées, on croirait écouter son pote, son alter ego James Blake (vocalement et à la production). Ce titre gospel sent malheureusement la fin de l’album. Il est nostalgique et évoque à quel point son adolescence lui manque.
17- Futura Speed: Un bon générique de fin sous la bannière de l’humilité. Histoire de rappeler à la manière d’un Kanye West dans Yeezus que Frank Ocean est juste un gars comme les autres et pas un dieu.. En gros: Écoutez moi, mais ne me prenez pas trop au sérieux.. Très rap. Après un long silence de 30 sec ce titre cache une interview remixée de Frank Ocean himself par Sage Elsesser.
Pour conclure..
À la manière d’un Drake, Frank Ocean ne fait pas du rap mais écrit, compose produit selon les méthodes du hip hop. C’est un cercle vertueux et prolifique pour le plus songwriter des rappeurs de l’époque. Si Blonde est moins immédiat que son prédécesseur Channel Orange il n’es reste pas moins puissant et profondément sensible. La r&b la pop sont au service de la réflexion. Peut-être pas aussi contestataire que du rap hardcore.. Mais la musique est un bon moyen de combattre. Certain diront que Frank Ocean fait du rap pour les salons d’épilation Yves Rocher.. mais pas que.. Frank Ocean continue de faire bouger les lignes et c’est bien là la force des grands artistes.
#incontournables #tendance #hype-pop