C’est un petit village du Lot et Garonne, 18218 habitants, traversé par la Garonne, l’ambiance y est douce. Pourtant depuis 18 ans, Marmande accueille le festival Garorock. Festival alternatif à ses débuts, il s’est pourtant démocratisé et popularisé au fil du temps.
Aujourd’hui il s’inscrit dans les festivals incontournables de l’été, et voit défiler des milliers de festivaliers au cours du week end. Garorock c’est 3 jours, trois scènes et 39 lives. Ainsi qu’un club ou 15 Dj set se succèdent tout au long du festival.
Le spot est vraiment impressionnant : la plaine de la Filhole est devenue depuis 3 ans le siège des festivités. Cette immense étendue de verdure présente à notre arrivée des airs de Woodwtock : ici que des festivaliers, pas de voiture ou de route : rien. Une large prairie où vont s’ébrouer 50 000 personnes pendant trois jours et trois nuits.
Comme beaucoup de festival, Garorock a opté pour la mise en place d’un « village » où trouver à boire et à manger, ainsi que toute les animations mises en place par les sponsors qui maintiennent une ambiance festive entre les sets.
Première étape, changer nos euros en monnaie garorockéenne. Particularité des festivals de plus en plus répendue : la centralisation de l’argent et dématérialisation de la monnaie sur le site. Ainsi on passe notre temps à faire la queue (ça occupe) et compter tel des apothicaires nos jetons afin de s’acheter un coca.
Premier pas franchis, on repère rapidement les lieux pour ne pas perdre le fil des concerts. C’est assez facile une première scène puis en enfilade deux grandes scènes côte à côte où joueront les têtes d’affiche. Et elle est belle la programmation du festival, bien que l’on dise que les programmateurs en France optent souvent pour les mêmes groupes, le Garo, semble avoir glissé un peu de l’alternatif, qui le qualifie encore dans le line up de 2014.
Premier jour du festival Garorock:
Comme il faut faire des choix nous arrêtons le notre sur Franz Ferdinand, Marmozets, Phoenix, Massive Attack, Bakermat et Gesaffelstein.
Un programme bien chargé qui risque de nous propulser jusqu’à tard dans la nuit. Mais pour l’heure, 21:30, c’est Franz Ferdinand qui ouvre notre bal:
Le groupe anglo-saxon entre sur scène et de suite accroche le public tout entier au premier riff de Can’t Stop Feeling.
Bien que le groupe attaque son deuxième été de festivals, et que leur tournée fut dense suite à la sortie de leur album « Love Illumination » en 2013, les Franz Ferdinand ne semble pas dépareilles de leur fraicheur et de leur énergie (renouvelée ?)
Le set est dense, le public conquit, l’ambiance monte d’un cran, Alexander Kapranos et ses petits compagnons enchainent les titres et semblent de plus en plus lâcher prise. Les écossais mélangent savamment les premier de leurs succès à tous les derniers « hits » de leur cuvée 2013. Le live culmine sur le « Take me out » relevé. Pas de doute ils auront conquis le parterre !
Le temps pour nous de filer redécouvrir les Marmozets. On pourrait les comparer au club des cinq, mais la comparaison s’arrêtera au nombre. Les anglais distillent un rock metal-pop rageur, emmenés par une chanteuse qui a tout de même des airs de Shirley Manson. Bien que le projet soit encore jeune, ils n’éprouvent aucun mal à faire secouer tout le public, à grand renfort de batterie et de cris rauques. Sur scène ça saute dans tout les sens aussi, et si l’ensemble est peu cohérent, on leur pardonnera car l’intention y est.
Un tour par le village pour manger un « veggie burger » et nous voilà devant les français de Phoenix !
Là encore, inutile de présenter l’emblématique groupe versaillais mené par Thomas Mars, ni leur tubes planétaires comme « Trying to be cool » ou « Lisztomania ». La générosité dont ils font preuve sur scène est une fois de plus présente ce soir là. Le set prend rapidement des airs de « show », le public est lui aussi « chaud » et nous assistons à une explosion de foule. Des vagues dans le public, un groupe survolté. On en prend pour notre compte. D’autant que le live prendra du retard et verra Massive Attack commencer avec quasi 20 minutes de retard.
Voir Massive Attack c’est prendre conscience ou reprendre conscience , de ce que le mot « collectif » veut réellement dire en musique.
Si le groupe voit son noyau dur dans les deux membres qui le compose depuis le début (Robert Del Naja et Grant Marshall), les collaborations et participations sont nombreuses autour de chaque album, chaque projet.
Sur scène tout le monde prend les instruments, en change, reste pour faire les choeurs ou simplement pour danser. Ce soir c’est la chanteuse Martina Topley Bird qui ouvre le bal et chantera tous les titres, même les plus anciens que d’autres ont interprété avant elle. On retrouve aussi Horace Andy, invité régulier de Massive Attack, et son inimitable voix vacillante.
Pendant 1h20, nous avons pu revisiter la discographie de Massive Attack, sur fond de projections militantes et altermondialistes. Le son était superbe et la lumière aussi : plus rien à prouver, ils peuvent tout se permettre et ils le font. En tout cas le public est transporté, Martina Topley Bird est divine, Horace Andy shamanique ! On retiendra la reprise arabisante de « Tear drops » juste superbe et les envolées des guitares rock sur « Inertia creeps » ou encore l’apocalyptique « Atlas Air » en clôture de set. Du grand Massive Attack à Garorock.
Nous sommes donc arrivés au milieu de la nuit jusqu’à la scène Garonne où le set de Bakermat commence déjà. Mouvement de foule, le DJ réunit tous les âges, surtout les plus jeunes festivaliers qui à 2:00 du matin semblent ne pas avoir perdu la forme. Musique calibrée dancefloor, Bakermat propose une musique festive, qui entraine tout le monde à la danse. Pendant une heure pas de relâche, il joue toujours plus fort. Des breaks francs, des montées explosives, le danois ne dément pas à se réputation. Et c’est vers 3:00 du matin qu’il livre un public en transe aux mains de celui qui aura couvert une grande partie de l’actualité électro de cette dernière année Gesaffelstein.
Fort de son expérience planétaire et de cette année passée à défendre et jouer son album Aleph, le Dj français prend les platines et agit sur la foule comme un commandant de bord. En route pour la stratosphère ! Le son est dense, minimal, construit. Impassible et superbe derrière ses ordinateurs, Mike Gesaffelstein entraine jusqu’au petit matin tous les festivaliers dont le nombre n’aura que peu baissé. Nous rentrons sur cette note superbe. Ce premier soir aura été magistral.
Deuxième jour du festival Garorock :
Si la première soirée du Garorck 2014 fut un sans faute, la seconde journée s’annonce mal, très mal même : puisqu’un arrêt préfectoral, en relation avec la météo tombe et annule la J2 du Garo. Dit comme ça, ça n’aura l’air de rien, mais pourtant ce sont autant de festivaliers qui vont être évacués du site, des campings et redirigés vers des halles pour les abriter des vents annoncés à 100km/h et des orages violents de grêle.
Si la mesure est de rigueur, de vent, d’orage et de grêle il ne sera rien …. Mais mieux vaut prévenir que guérir.
La ville restera néanmoins festive jusqu’ à 17:00 avant que tout le monde ne soit évacuer. Les commerçants tachant de garder la bonne humeur ambiante, et les festivaliers faisant contre mauvais vent bonne figure. Nous avons pris le temps de parler avec quelques uns d’entre eux pour connaître un peu leur état d’esprit.
16:45, sur la place centrale nous interpellons un groupe de jeunes gens : Clément, Alexandre, Alexis, Benjamin, Adrien, Lucas. Ils ont en moyenne 23 ans et arrivent de Marseille, du Mans, de Bordeaux, d’Angers à Marmande. Ils viennent d’arriver et d’apprendre la mauvaise nouvelle de l’annulation.
– «On est dégouté… On comprend pas, il fait beau, il n’y a pas de nuage ou de vent. Ils annulent un peu vite on dirait ! On sait bien que s’est obligatoire, qu’il faut protéger les festivaliers. Mais c’est tout de même pénible. On va faire avec, on espère que demain se sera maintenu. On a pas fait tout ces kilomètres pour repartir !!! On va aller s’installer au camping et faire l’animation !
– Vous ne savez donc pas que les campings vont être évacués aussi…?
– Et bien vous nous l’apprenez, alors on va suivre le mouvement.. On passera quand même une bonne soirée entre nous !
– Qui étiez vous venu voir principalement ce soir ?
– Brodinsky !!!! (en choeur) #Fauve aussi, FFF… Après il reste demain, on va garder le sourire, il faut ! On espère qu’ils vont nous rembourser ! Parce que nous sommes tous étudiants et qu’un festival comme ça, avec le voyage c’est un budget ! »
Bien sûr les billets ont été remboursés intégralement pour les pass jour de ce samedi, et les autres en partie.
Le troisième jour aura été maintenu pour le reste des festivaliers, nous sommes, quand a nous rentrés, mais nous gardons un souvenir positif de ce festival où nous espérons trouver une sorte de revanche l’année prochaine.
Marika D.
Photos : © Caroline Doutre,