Les fantômes bleus tirent à la carabine à Berlin : le nouveau rêve de General Elektriks, la bande à Hervé Salters qui sort son cinquième album intitulé Carry No Ghosts.
Après plus de 10 ans passé à San Francisco à tripoter des clavinets mieux que Stevie Wonder, General Elektriks, ou plutôt son chef d’orchestre Hervé Salters, s’est installé dans la capitale allemande pour réaliser les deux derniers albums du groupe. Pour chiner un nouveau synthé vintage, ou pour se rapprocher du Berghain ? On penche plutôt pour la première idée. Ce qui est sur, c’est qu’il n’est pas venu pour faire du tourisme sur le Vieux Continent.
Après To Be a Stranger en 2016 et le live Punk Funk City la même année, l’infatigable Hervé Salters est de retour avec Carry No Ghosts, cinquième album studio, enregistré en parallèle de la dernière tournée. General Elektriks, c’est sa firme imaginaire, sa petite entreprise à géométrie variable basée sur l’énergie électrique et un savoir-faire ancestral. Il en est le Président Directeur Général et le chef d’orchestre. “RV” (pour les intimes) est seul en studio : textes, compositions, arrangements… tout est fabriqué par la même paire de mains. Sur scène par contre, il sait s’entourer : pas question de boite à rythme ou d’Ableton. Il est accompagné par plusieurs musiciens charismatiques qui s’approprient les créations studios et composent la partie vivante.
Cette fameuse bande, on la découvre dans le clip de Different Blue, qui ouvre l’album. Ils entourent Hervé qui sautille, chante, et joue du synthétiseur. Le synthétiseur, tiens ! Celui qu’on (re)découvre dans le clip, c’est le nouveau jouet choisit pour cet album : le Prophet 5, tout droit sorti d’un grenier d’ex-RDA, acquis sur une brocante berlinoise. Le funk débile et décadent fonctionne. Le morceaux est dévastateur.
Never Can Get Enough
8-bit
Autour duquel s’agrège une chronique saccadée.
Les fantômes sont là, comme des choeurs qui hantent l’âme du morceau
Amour Über Alles
L’amour, sans frontières
Le clavinet autrefois omniprésent comme la seconde voix du chanteur s’est transformé, démultiplié, décomposé en un formidable empilement de divers synthétiseurs qui grincent, qui piaillent, qui gémissent, qui glissent entre l’oreille gauche et la droite, oui juste au milieu.
Au Tir A La Carabine
Comptine infernale
« Tu m’intrigues », encore,
La voix se fait plus intime, plus douce
Un des morceaux les mieux chantés
Walk By The Ocean
Basse qui tabasse
Un modem maudit qui se met à sortir des mélodies, des riffs, des lignes de basses.
La calculatrice pète un cable
On retrouve l’empilement de la mosaïque sonore synthétique et organique.
You Took Your Time
La suite d’accord recherchée
La voix caresse le micro
Les choeurs aigus, la mélodie de crooner, l’équilibre est parfait.
A Dreamy Disposition
Violons
Flutes
Se mêlent à l’orchestre funk de poche
Don’t Let It Get You Down
Hymne électronique
Désabusé
Le Synthé se fait agressif, saturé, entre le vrombissement de la radio et la French-Touch sophistiquée.
Le clavinet est là, superbe, il fait le lien avec les précédents album et l’iconographie de l’homme-machine.
I Can’t Relate
Générique de fin d’un épisode de Mission Impossible, K2000, suspense
Les arpèges espiègles
L’authenticité d’une jam-session prise sur le vif
De Passage
On avait passé le générique
On est maintenant à l’épilogue,
Fin de la pièce de théâtre
Le crooner est de retour, en français cette fois.
Le décor mis en place pendant les 9 morceaux se défait doucement, l’aube se lève.
La fête est finie, il est l’heure de rentrer.
Vibraphone, le clavinet, la batterie, la guitare électrique, les cordes disent au revoir.
Durée : 37 minutes,
Le nouvel album de General Elektriks est terminé, comme une chronique d’un ordinateur mental détraqué par ses spectres intérieurs, des virus dansants et qui jouent du synthé sur nos têtes. La prochaine étape est maintenant d’aller assister sur scène à la performance millimétrique et sauvage de la formation live.
General Elektriks – Carry No Ghosts / date de sortie 2/02/2018 (The Audio Kitchen/Wagram)
#funkdébile #poptranquile
Pier & Ugo