Grégoire Laville a publié « Il a souvent fait noir avant la nuit ». Une biographie sur le chanteur Da Silva, parue ce printemps aux excellentes éditions Braquage.
En cinq questions, l’auteur-journaliste breton revient sur son ouvrage dédié à cette figure atypique de la chanson française.

MusiK Please : Pourquoi écrire un livre sur Da Silva ?
Grégoire Laville : Après avoir publié, avec Yves Colin et le photographe Claude Gassian, un livre d’entretiens avec Cali et Miossec (Cali Miossec, rencontre au fil de l’autre, éd. Le Bord de l’eau, 2006), je songeais à un livre avec Da Silva – plus que ‘sur’ lui. L’occasion s’est présentée lorsque je l’ai rencontré pour écrire son portrait à la sortie de son sixième album L’aventure en 2017.
Au-delà de ses chansons, de ses textes et instrumentations qui me plaisent, son parcours et sa position aujourd’hui, en dehors des modes et indifférent aux étiquettes, m’intéressent : venu de la musique industrielle et du punk, il est passé par une électro inclassable avant de ‘devenir’ Da Silva. Qu’on évoque la chanson, le rock ou la variété pour le définir lui importe peu, comme le regard qu’on peut porter sur ses collaborations avec Jenifer ou Soprano. Il est multiple. L’idée de ce livre était de montrer cette multiplicité avec une large part biographique mais en évoquant aussi ses influences, sa façon d’écrire et de composer, le regard qu’il porte sur la politique, sur la musique aujourd’hui, sur sa propre évolution…
Comment s’est opéré le processus d’écriture?
Grégoire : A partir de 7 heures d’entretiens réalisés sur plusieurs mois, j’ai fait des choix en conservant qui me semblait le plus important et le plus intéressant, en gardant la forme de l’interview à laquelle je tiens. Elle est accessible, vivante et spontanée. D’autant plus que j’ai souhaité également garder nos façons de nous exprimer – toujours en restituant les propos avec une syntaxe et une forme correctes à l’écrit.

Da Silva a relu, légèrement modifié ce qu’il souhaitait et validé l’ensemble. C’est bien un livre d’entretiens ‘avec’ Da Silva.
Le fait d’illustrer le livre avec des photos (de Richard Dumas) était-il important pour vous ?
Grégoire : Dès le début du projet, en 2017, Da Silva m’a proposé que les photos de Richard Dumas illustrent le livre et lui-même a été tout de suite d’accord. Tous les deux rennais, ils sont amis et ont collaboré pour la plupart des albums de Da Silva.
A peu près au même moment, je rencontrais Richard Dumas pour un autre livre consacré à l’émergence du rock à Rennes, dans les années 70 et 80, quand on qualifiait la ville de « capitale du rock en France » (Quand Rennes s’est révélée rock, éditions Ouest-France, 2018). Richard Dumas était à l’époque au cœur de cette ébullition, musicien (aidant notamment son ami Etienne Daho à réaliser les maquettes de ses premières chansons) avant de devenir le fabuleux photographe qu’on connait aujourd’hui. Je l’avais d’abord connu à travers une superbe photo de David Lynch que j’adore et la pochette, mythique, du premier album de Miossec (Boire, 1995).

Richard Dumas avait réalisé de nombreuses photos de Da Silva, pour chacun de ses albums, qui racontait finalement aussi son parcours depuis le début des années 2000. La plupart sont inédites. On peut dire qu’il était idéal qu’elles illustrent ce livre.
Comment en êtes-vous venu à collaborer avec les Editions Braquage ?
Grégoire : J’avais vu les différents livres des éditions Braquage et de Romain Lejeune, qui les dirige. Il est aussi journaliste ce qui avait son importance pour moi. J’ai beaucoup aimé son livre sur le groupe Luke (Luke, Hasta Siempre, éditions Braquage, 2017). Ses autres ouvrages, sur Saez ou The Inspector Cluzo, constituaient le début d’une collection dans laquelle il me semblait que ce livre d’entretiens avec Da Silva avait sa place. Romain a été immédiatement intéressé. Il a supervisé le travail sur le format du livre, la mise en page du texte et celle des photos. Ce travail est vraiment réussi.
D’autres collaborations sont-elles prévues ?
Je prépare un livre d’entretiens avec Dominique A.
Grand merci à Grégoire et Romain pour leur disponibilité.