Mey, Ibeyi, Cherry… maestria vocale au théâtre Sylvain
Il est de ces lieux, insoupçonnés, en retrait du front de mer à Marseille. Un théâtre de verdure nommé Sylvain investi par le festival l’Edition en ce 13 juin.
Baigné de lumière jusqu’au couchant, ce talweg verdoyant, réhabilité récemment pour accueillir le public, offre une acoustique surprenante. C’est dans ce cadre idyllique que l’Edition Festival proposait une scène précieuse, avec Martin Mey, Ibeyi et Neneh Cherry & the Rocketnumbernine.
Venus surtout pour Ibeyi, les délicieuses jumelles franco-cubaines, nous ferons une rencontre live, une émotion inattendue et exaltante avec le favori de nos amis de Tsugi, et dernier coup de coeur du Printemps de Bourges, le très talentueux Martin Mey.
Ce marseillais méconnu, a sorti son deuxième album en décembre dernier, Taking Off, enregistré dans le studio des non moins locaux et talentueux marseillais de NASSER – Simon Henner à la prod. Martin Mey, accompagné d’un bassiste/clavier et d’un batteur, tous deux par ailleurs aux choeurs, a inondé de sa folk/trip-hop, l’amphithéâtre, au public bienheureux et séduit. Ce son, de notre époque, est à découvrir. On y trouve certes beaucoup d’influences nobles, mais on y entend surtout une musicalité puissante, profondément humaine et, magistrale dans la performance scénique, à la fois rudimentaire et cinématique.
Cette belle entrée en matière nous portera en joie vers les deux (petites) soeurs d’Ibeyi, qui du haut de leurs talons, mais surtout de leurs claviers et percus, ont littéralement illuminé la scène.
Du très attendu et désormais célèbre (merci Nova) « River» au bouleversant «Mama Says», Elisa et Noemie se dévoilent dans une fascinante simplicité, le rythme et l’harmonie au moindre mouvement du corps et de l’âme.
On en pleure, on en sourit, on en tremble, on en danse, avec elles. Un verre à la main. La nuit tombant sur Marseille.
La suite et fin sera délivrée par une Neneh Cherry en pleine cure de jouvance. Un son trip hop (trop) fort jaillit des machines et batterie des deux Rocketnumbernine pour présenter son «Blank Project» en live. Neneh se déhanche, porte sa voix, dans un souffle jusqu’alors inconnu. On croirait une égérie de Tricky. Mais elle nous rappellera à son bon souvenir en entonnant un de ses tubes planétaires «Manchild».
Nous aurions aimé en entendre davantage et, peut-être le cultissime «Woman» de la chanteuse suédoise (car on a bien oublié ses origines tellement elle est devenue familière) mais ce sera sans compter sur les caprices dépressionnaires, un rideau de pluie tombe sur les artistes et achève (prématurement?) le set.
Nous repartirons humides et joyeux, un brin ivres, du bon son dans le creux des oreilles.