A seulement 26 ans, l’américano-chilien Jaar creuse le sillon de sa quête d’une musique électronique totalement affranchie des influences actuelles, quitte à parfois s’y perdre.
Dans la rengaine des multiples «revival» du moment, Nicolas Jaar détonne. Parrainé par l’idole Ricardo Villalobos, il n’a eu de cesse depuis ses débuts house – marqués par l’énorme «A Time for us» – de créer sa propre grammaire. Et, après différentes collaborations (Darkside notamment), l’américano-chilien livre en cette rentrée avec «Sirens» la suite de son précédent album «Space is only noise» (2011).
Un disque annoncé comme politique, à la pochette réalisée par son père vidéaste et au discours remémorant la violence de la dictature de Pinochet, fuie par ses parents.
Ici, pas de house et même assez peu d’électronique. Rien qu’au format, il fait bien comprendre qu’il n’est pas là pour chercher la gloire : 6 titres et 41 minutes dont 11 pour l’introductif et planant «Killing Time». Un long voyage au piano discret marqué par quelques infimes nappes électroniques, des sonorités jazz tribales (Alice Coltrane, Pharoah Sanders) et une voix éthérée.
Un calme qui contraste avec l’énergie de la piste suivante «The Governor». Jaar se prend alors pour Alan Vega au milieu d’un post-punk électronique d’abord, avant de s’envoler dans des sonorités free-jazz sur une rythmique drum’n’bass. L’un des grands moments du disque dont le mélange des genres a priori indigeste sonne juste.
Beaucoup d’énergie dépensée avant l’anecdotique ambient japanisante «Leaves» qui fait plus office d’interlude qu’autre chose. Et si la cumbia «No» et ses paroles en espagnol emballera l’auditeur, l’entame rock agressif voire industriel de «Three sides of Nazareth» fait tâche. Elle ne sied pas vraiment à la délicatesse du reste mais finit mieux qu’il n’avait commencé dans un style beaucoup plus «Jaar».
C’est en crooner que le New-Yorkais boucle «Sirens» avec le doo-wop aérien d’«History Lesson». Dans une ambiance 50’s de fin de soirée, la redescente se fait en douceur sur un solo de guitare dégoulinant pour un disque qui a les défauts de ses qualités.
A trop chercher à créer son propre dialecte, Nicolas Jaar passe parfois à côté. Ce que les moments de beauté radiante de «Sirens» font vite oublier.
01 Killing Time
02 The Governor
03 Leaves
04 No
05 Three Sides of Nazareth
06 History Lesson
Indice de satisfaction 78%
By @manzeeee