Jean-Benoît Dunckel dévoile avec « H+ » un bel album solo de pop atmosphérique où se mêlent transhumanisme et claviers vintage.
En pause discographique depuis 2012 malgré une série de concerts, le tandem Air excelle désormais en solo. Si un nouvel album du duo versaillais n’est pour l’heure pas d’actualité, le solide best-of publié en 2017 a rappelé combien leur oeuvre est un pan majeur de la musique française des dernières décennies. Trois ans après la première saillie solo de Nicolas Godin et sa classieuse relecture de Bach (« Contrepoint » 2015), son compère Jean-Benoît Dunckel publie un premier disque sous son nom (il avait déjà sorti des BO et des parutions sous le nom de Darkel et un album en duo :Tomorrow’s World en2013).
Avec « H+ », l’homme aux claviers mise pour sa part sur le thème très actuel du transhumanisme allant vers l’homme augmenté et la synergie humains/robots. Domaine qui le passionne visiblement et imprègne totalement ce disque à l’ambiance résolument rétro-futuriste et enregistré dans son propre studio. Peuplé de nappes et de claviers analogiques (le magnifique instrumental « Ballad Non Sens »), il renvoie directement à la vision fantasmée du futur propre à la fin des années 70 (Kraftwerk, Jarre).
Robot pop
Dans ce qui aurait pu faire une bonne illustration sonore du film « Bienvenue à Gattaca », Dunckel fait naviguer en haute altitude avec des textures cotonneuses et (forcément) aériennes en dépit d’une fin de disque (à peine) plus rythmée.
Et s’il prête souvent à la relaxation (« Qwartz », « Space Age »), le Français sait faire preuve d’une merveille d’écriture pop comme avec le parfait et Lennonien « The Garden », l’efficace « Slow Down The Wind (Up) » ou un possible clin d’œil réussi à la « Ritournelle » de l’héritier Sébastien Tellier avec « Hold On ».
Parfois proche de ce qu’il pouvait faire en duo avec Godin (« Transhumanity », « Love Machine »), le brillant claviériste à la voix cristalline (« In Between The Two Moons ») n’oublie pas pour autant d’évoluer dans sa propre atmosphère. Celle d’une musique assez hors du temps, légère et planante, et qui confirme – si cela était nécessaire – à quel point le besoin d’Air de qualité se fait ressentir. Même en 2018.