8 ans après le très rétro « Stone Rollin' », Raphael Saadiq se veut plus sombre avec l’album Jimmy Lee, du nom de son frangin décédé.

Le cinquième album de Raphael Saadiq fait bien avancer le Schmilbliq. Si nous n’avons pas beaucoup entendu parler de Raphael Saadiq, l’artiste ne s’est pas arrêté d’avancer durant ces huit années. Il a entre autre travailler pour des films mais aussi pour Solange en 2016. Mais surtout il a pris le temps de se reconnecter avec la vie.
J’ai pris du temps pour moi, à la fois pour m’occuper de ma mère, et me reconnecter avec mes amis, bref la vie.
Son frère ainé Jimmy Lee est décédé d’une overdose. Il a connu une vie de déboires avec de multiples incarcérations. En intitulant son album du nom de son frangin, Raphael Saadiq a un message à passer. Un message contre les addictions, une noirceur et un optimisme. Deux sentiments qui dirigent les treize titres de l’album.

N’y voyons pas non plus un album thématique comme l’excellent KOD de J.Cole qui passe en revue les drogues modernes. Non, les addictions sont multiples dans la « ballade de Jimmy ». Certes il y a les drogues dures comme l’héroïne, l’alcool, mais il y a aussi la dépendance affective Something Keeps Calling. Appelons ça l’amour. Car même sur fond de chronique sociale, on a bien dans les mains un pur album de soul.
Contrairement à son frère Jimmy Lee, Raphael Saadiq a su se prémunir des mauvaises rencontres. Et c’est bien la musique qui a dessiné son parcours. My Walk. Un parcours que le bassiste, chanteur producteur s’est lui même encombré. Justement car il n’a plus grand chose à prouver, le musicien est volontairement sorti de sa zone de confort. Il à voulu arranger mixer lui même cet album. Il s’est improvisé sur de nouvelles interfaces, d’autres logiciels, des effets inédits pout lui.
À la fin Jimmy Lee apparait comme son album le plus mature. Et non pas parce que Raphael Saadiq a passé la cinquantaine; Non, cet album est unique car tout d’abord, il en a effacé un ou deux avant de parvenir à celui-ci, mais aussi car il est aux antipodes du précédent (Stone Rollin’). On sort ici du folklore motown,
Jimmy Lee s’éloigne un peu de la soul rétro ou de la r’n’b suave qui ont fait le succès et la réputation de Raphael Saadiq. Ici, il donne de la profondeur à sa musique et à son discours. Et n’allez pas forcément croire que c’est parce qu’il s’est entouré de Kendrick Lamar, Ali Shaheed Muhammad (ATCQ); Ou encore Brook D’Leau, Reverend E. Baker et Daniel J. Watts…
Raphael Saadiq – Jimmy Lee / 23 aout 2019 (Columbia / Sony Music)
#ClairObscur