Dans le cadre de la publication de son anthologie, John Maus sort “Addendum”, un album de raretés recelant comme toujours quelques merveilles.
“Addendum” : pluriel du mot latin Addenda signifiant “choses à ajouter” et utilisé pour désigner les notes additionnelles à la fin d’un ouvrage il y a bien longtemps. John Maus ne veut tromper personne avec la dénomination de ce disque incorporé dans la box regroupant l’intégralité de son oeuvre sortie récemment et que certains chanceux ont réussi à se procurer.
Quelques mois seulement après son grandiose quatrième album “Screen Memories” attendu pendant près de six ans, l’Américain dévoile donc déjà un nouveau long-format. Il s’agit surtout de chutes du très long enregistrement de sa précédente livraison ou de titres plus anciens mais, connaissant le génie du garçon et la rareté de ses publications, il faut forcément y prêter une oreille attentive.
https://youtu.be/_RhBamDGUEk
Si la production n’est peut-être pas aussi léchée, “Addendum” se veut moins sérieux et forcément moins cohérent que son prédécesseur mais apparaît plus farfelu. Les paroles toujours délirantes et minimalistes à propos de bébés dans des poubelles ou du cosmos restent fidèles à l’oeuvre de l’ancien claviériste d’Animal Collective et les synthés analogiques font encore feu de tout bois.
Aidé par son vieux compère Ariel Pink qui lui a écrit un “Privacy” qui détonne dans sa discographie, Maus perpétue son style assez indéfinissable entre post-punk, musique médiévale et d’obscures B.O. de films d’horreur italiens des 70’s. Les allumés “Outer Space”, “Running Man”ou “Dumpster Baby” côtoient des instrumentaux (“Drinking Song”, “Middle Ages”) mais aussi quelques moments de grâce absolue comme cet artiste singulier sait en produire (le très Joy Division “Mind The Droves”, le single “Episode”).
Et c’est pour la fin que le druide du Minnesota garde ses meilleures cartouches qui datent pourtant d’un album auto-produit de 2003… Un tonitruant “1987” qui aurait paradoxalement parfaitement eu sa place sur “Screen Memories” suivi du très réussi “I Want To live”. Soit une mélodie pop désespérée accompagnée d’une ritournelle rappelant les musiques de cirque. Si “Addendum” n’a pas la force de la collection de raretés déjà sortie en 2012, il se veut un nouvel étalage, s’il en était encore besoin, du talent immense de ce personnage si à part de la scène pop internationale.
John Maus – “Addendum” / Ribbon Music (2018)