Quand il accompagne Roger Waters dans sa tournée des stades, Jonathan Wilson assure comme un chef. Mais lorsqu’il joue avec son groupe dans l’intimité de la Laiterie de Strasbourg, sa musique est un régal…
Live report.
Au printemps dernier, Jonathan Wilson a investi quelques-unes des plus grandes salles (et stades) d’Europe… Pink Floyd Power oblige ! Choisi comme guitariste/claviériste/vocaliste par Roger Waters himself, il s’intégrait parfaitement dans les shows spectaculaires du US + Them Tour.
Changement donc radical de référentiel avec le club strasbourgeois de La Laiterie. Du moins en termes de dimensions. Puisque musicalement la qualité reste totalement au rendez-vous.
Épaulé par cinq musiciens, Jonathan va offrir un concert digne de ses compositions alambiquées. Rappelant à quel point son rock’n’folk psychédélique à forte teneur progressive gagne à être connu. Tant sur disque que sur scène.
La soirée se voit majoritairement axée sur le récent « Rare Birds », certainement l’album le plus élaboré du songwriteur américain. Limpide amalgame de synthétique, organique, électrique et acoustique. Une complexité incroyablement fluide, que le groupe parvient à recréer sans problème en live. Dans une décontraction souriante qui ne rehausse que plus encore la prestation.
L’alchimie cosmique de « Over The Midnight », la volatile atmosphère de « Loving You », la vibe funky de « Miriam Montague ». Ou encore le feutre rock de « Living With Myself »… la formation n’omet aucune des précieuses tonalités qui cristallisent la richesse de « Rare Birds ».
Interprétant aussi quelques perles des deux premiers albums. Notamment un « Desert Raven » boosté par une envolée de batterie au pep’s contagieux.
Comme le soulignaient Helliott et son maître dans leur chronique (à retrouver ici), la parenté musicale de Jonathan Wilson avec son homonyme Steven résonne. Quelquefois avec évidence. Ne serait-ce que dans la manière incroyablement ouverte d’appréhender la musique. La maniaquerie sonore live en moins pour Jonathan (probablement faute de moyens). Quelques chansons pâtissent d’ailleurs du déficit de ce relief si probant en studio. Et non des moindres : « Gentle Spirit » et « Valley Of The Silver Moon » perdent ainsi de leur superbe.
Autre point faible, le visuel hautement psychédélique parfois douteux. Heureusement, la musique enlaçante du multi-instrumentiste invite plutôt à fermer les yeux. Un peu rêvée comme pour mieux être savourée…
Fidèle à lui-même, Jonathan Wilson aura gratifié La Laiterie d’une soirée qui lui ressemble. Un concert alliant grande proximité, intensité non-stop et simplicité humaine. La classe, quoi…
Del & Betty