Comme les grands vins, La Grande Sophie se bonifie avec l’âge. Un adage œno-musical qui ne pouvait pas mieux se vérifier que lors de son récent concert à Chenôve. Au cœur de la Bourgogne.
Live report.

Que de chemin parcouru depuis ses débuts dans les bouis-bouis parisiens ! Sophie Huriaux (son véritable nom) n’a désormais plus grand-chose à prouver. Surtout après deux disques tels que « Nos histoires » et « Une vie ». Matures tant sur le plan de l’écriture que celui de la composition.
En live également, La Grande Sophie a largement fait ses preuves. Rôdée par près de trois décennies à écumer les scènes par monts et par vaux. Avec ce soir une étape à proximité de Dijon, dans la récente salle du Cèdre à Chenôve.
Alma Forrer : la jeunesse prometteuse

L’ouverture de la soirée permet de faire connaissance avec Alma Forrer. Qui à 25 printemps vient de publier « L’année du loup », son premier album. Un peu intimidée, la jeune songwriteuse Française séduit par sa fraîcheur et sa spontanéité. Mais surtout par ses chansons de variété, teintées d’une candide tonalité eighties. Qu’elle interprète seule avec son clavier et sa guitare. Une prestation courte, tout de même étoffée tout d’un hommage à Marie Laforêt ( « Je voudrais tant que tu comprennes ») ainsi que d’une pensée au triste anniversaire de l’attentat du Bataclan. Certes la complice de Baptiste W Hamon a encore besoin de s’affirmer… mais elle a déjà tout d’une grande !
La Grande Sophie : la cinquantaine radieuse

La Grande Sophie arrive seule sur scène. Pas « Sur la pointe des pieds », mais presque. Débutant par cette chanson qui, comme sur disque, elle entonne a capella.
Accompagnée ensuite par son trio de musiciens, elle n’aura qu’à dérouler son savoir-faire. Charmant la salle du Cèdre avec les vers d’un poème spécialement composé à l’attention de Chenôve. Pour mieux la faire ensuite se lever et onduler chaleureusement. Un quasi coup de force au vu du confort des sièges…
Quelques exceptions mises à part (le très touchant « Où vont les mots » joué à quatre mains), la grande Brune « délaisse » ce soir son piano. A contrario du récent « Une vie », elle retrouve avec joie sa six cordes. Support charnière pour diffuser les messages de ses chansons. Narrant de sa voix posée, la nostalgie, les rires, les peines, l’amour, les choses simples. La vie quoi…

La Grande Sophie pioche pêle-mêle dans son répertoire. Depuis la genèse (« Sa petite volonté »), faisant néanmoins la part belle à la modernité du dernier « Une vie » ( le justesse de « Hier ») . Elle remodèle ses titres emblématiques (la version actualisée « Du courage »). Interprète « Le large » (chanson qu’elle a écrite pour Françoise Hardy). Et partage le plaisir d’une reprise en français de son coup de cœur confié dans sa Playlist Intime : le sautillant « Bad Guy/Mauvais garçon » de Billie Eilish.
Et puis elle quitte la scène aussi discrètement quelle l’a investie. Sa silhouette élancée, sa guitare, les notes gourmandes de « Sucrer les fraises ». Dessert musical d’un concert avec lequel elle a su régaler.
Del & Betty