Si votre année 2018 a été un peu sourde, ou même un peu trop nostalgique, ou bien, si vous avez passé tout simplement l’année dans les embouteillages, le nez sur le guidon, notre équipe de mélomanes a fait le tri pour vous. On écoute, on filtre et on vous fait remonter la sève à travers les treize albums qui ont fait notre année 2018. Les 13 desserts MusiK Please!

Low : Double Negative

Depuis sa chronique dans notre sélection de la rentrée 2018, « Double Negative » a inlassablement tourné sur la platine. Avec autant de lenteur que de profondeur. Alchimiste rock, Low métamorphose sa douleur en (notre) bonheur. Enveloppant de sa lente complainte mélancolique dans laquelle on se sent paradoxalement bien. #ASonApogée
Teyana Taylor signe l’album soul de l’année 2018 avec K.T.S.E. (pour Keep That Same Energy). Le chant-mi flow mi-rap de Tayana Taylor apporte une dose de fraicheur à la R’n’B actuelle. Celle qui se clashait avec Rihanna il y a quelques années peut enfin aller la talonner sous la malédictionbénédiction de Kanye West.Insecure Men
Avec ses « mecs pas sûrs d’eux », Saul Adamczewski opte pour une relecture en douceur et très lointaine du tournant 60’s/70’s. Cette époque où les mélodies de poche du « Pet Sounds » des Beach Boys croisent le glam-rock anglais ou l’exotica. L’easy-listening et la pop orchestrale sévissent et font étalage du songwriting très stylé du petit punk de Peckham qui a finalement pris bien de l’assurance
Damso : Lithopédion

Un fois n’est pas coutume, la Belgique étonne la France. Le rappeur Damso enfonce le clou avec son deuxième album et une percée fulgurante. Tantôt vulgaire, tantôt intime, pour certain misogyne, son rap est cru parle de cul (mais pas que) il parle de la vie et il parle vrai. L‘artiste mainstream le plus undergroud ne donne toujours pas dans le politiquement correct.
Janelle Monae – Dirty Computer
Certains diraient que la véritable pop d’aujourd’hui c’est Janelle Monae. Et ils n’ont peut-être pas tort. En Mélangeant arrangements electro, soul music et refrains imparables Janelle est devenue une diva mutante passant du chant au rap avec un agilité déconcertante. Dirty Computer est un bijou vivant, un bijou voyant passé légèrement inaperçu !Gruff Rhys : Babelsberg
Le nouvel album de Gruff Rhys brille de mille feux, la qualité de ses compositions étant superbement mise en valeur par l’orchestre National du Pays de Galles et les arrangements de Stephen McNeff. L’écueil de la grandiloquence est ici évité : Malgré la participation de plus de 70 musiciens, Babelsberg se digère très facilement; Idéal pour les fêtes de fin d’année !
Daniel Avery : Song For Alpha

Avec le successeur du très réussi « Drone Logic » (2013), Daniel Avery revient sur les bases d’une techno toujours sombre mais cette fois plus épurée et atmosphérique renvoyant parfois au début des années 90 (Aphex Twin en tête). Un disque parsemé de plages ambient, de nappes et de drones qui offrent le meilleur de la scène électronique anglaise.
Courtney Barnett : Tell Me How You Really Fell
Après son escapade en duo avec Kurt Vile, son alter ego américain, la jeune australienne a repris le chemin en solo d’un début de carrière sans fausse note. Un peu moins slacker qu’ à ses débuts, le rock de Courtney Barnett gagne en variété tout en gardant sa spontanéité. Finalement Courtney est (presque) aussi cool que Kim Deal…Kanye West & Kid Cudi : Kids Sees Ghost
Difficile de choisir lequel des cinq projets de Kanye nous a le plus fait vibrer cette année. Le hip-hop old school de Nas, le rap moderne de Pusha T, la délicieuse soul de Teyana Taylor (voir plus haut)… Fou, mégalo, bipolaire, Mr West est surtout un créateur musical hors pair et Kid Cudi son comparse idéal!
Damien Saez : #humanité

Pour sa cuvée 2018, Damien Saez reste dans ses thématiques de prédilection. Rien de neuf donc. Un côté urgent qui rapproche « #humanité » de « Miami ». L’excellent (titre éponyme) côtoie le réchauffé, la monomanie flirte avec la perspicacité. Imparfait mais humain sur le fond comme la forme… comme seul Saez sait l’être. Et c’est pour cela qu’on l’aime. #ArtisteMaisHommeAvantTout
Jack White : Boarding House Reach
Gneu Gneu Gneu Jacko devient marteau avec son synthé… Mais non! non! et non! Jack White s’éloigne de sa zone de confort et fait évoluer son blues rock en quelque chose de plus expérimental. Nous nous le voyons pas encore mais c’est une grand album!Spiritualized – “And Nothing Hurts“
Avec “And Nothing Hurts”, Jasonc Pierce revient avec ce qui a des allures « d’album-somme » de la carrière du cosmonaute tourmenté. Il y a ici un peu de tout ce qui a fait le succès du projet: un rock gorgé de blues, de soul, de gospel ou de Kraut au psychédélisme toxique et raffiné oscillant entre titres rageurs et longues ballades déprimées et majestueuses.
Makaya McCraven : Universal Beings

Deux disques, quatre villes (pour autant de lieux de capture sonore), « Universal Beings » c’est du lourd. Du genre jazz d’aujourd’hui. Ambitieux, libre et dense. Jeune batteur de Chicago, Makaya McCraven emprunte au hip hop, joue avec l’impro, jongle avec le progressif. Et ravive superbement l’héritage des précurseurs. En un mot… passionnant !