De passage à Bandol au festival Les Aoûtiennes, rencontre avec deux hommes extraordinaires, Les Innocents JP Nataf et Jean-Christophe Urbain.

Musikplease : Quel est le dernier morceau que tu viens tout juste d’écouter ?
JP : Cet après-midi donc, dans le camion j’ai écouté « The barrel » de Aldous Harding que j’adore.
JC : Alors moi c’est le morceau «Either way» de Phony Ppl un groupe un peu r’n b jazz américain assez intéressant.
Une chanson qui te rappelle ton adolescence ?
JP : « Golden Years » de David Bowie
JC : ce qui me rappelle mon enfance c’est notamment Gilbert O’Sullivan « Alone Again »
Un titre qui te fait pleurer ?
JP : « True love » de Patsy Cline, une chanteuse de country des années 50-60
JC : Une chanson de crooner de Sinatra «I’ll hang my tears out to dry»
La chanson que tu aurais aimé écrire ?
JP : « Golden lady »de Stevie Wonder. Je suis d’ailleurs très golden depuis que je suis arrivé à Bandol avec tous ces yatchs autour.
JC : je vais enfin mettre du français, « Un homme heureux » de William Sheller
Une chanson pour s’endormir ?
JP : Je me suis fait des playlists pour pouvoir m’endormir dans le train, alors « Les préludes » de Schubert
JC : Alors moi je n’arrive pas à m’endormir sur la musique
Une chanson engagée ?
JP : Brassens en général, il est engagé sur tout, même sur des choses du quotidien, quand je l’écoute je voudrais que ce soit mon grand-père, j’aimerais bien arriver chez lui et qu’il me joue un morceau, j’ai l’impression que ça m’apprend la vie
JC : je n’arrrive pas à m’engager non plus, mais j’aime bien au second degré « Foule sentimentale » de Souchon, c’est une photographie de la société un peu amère.
Un titre pour bien démarrer la journée ?
JP : je vais mettre à nouveau une chanson engagée du coup, « Construçao » de Chico Buarque
JC : c’est dur, j’en écoute tous les matins comme tout le monde mais ça dépend tellement de mon humeur. En parlant de Brésilien l’autre jour j’ai écouté Jao Gilberto ben finalement le matin ça m’a pas plu. je vais rester sur « Alone again » de Gilbert O’Sullivan.
La chanson que tu as écrite dont tu es le plus fier ?
JP : C’est probablement une chanson de mon album solo « Mon ami d’en haut », j’ai couru après pendant des années sans l’écrire. Un matin enfin, j’ai pris ma guitare et elle est arrivée, j’avais rendez-vous avec ce sentiment que je trimballais depuis 20 ans et que je n’avais pas réussi à exprimer, j’ai bouclé une boucle à l’intérieur.
JC : La prochaine, celle qui est en écriture. La fierté elle est aussi par rapport à la capacité que la chanson a d’aller chez les gens, parce qu’on essaye toujours de faire des chansons pour que les gens les écoutent, j’aime bien « Dentelle » parce que je serais incapable de refaire ça, je ne sais pas si j’en suis fier mais ça m’interpelle.
JP : De toute évidence, c’est la chanson de lui que j’aurais bien aimé écrire
Le coup de cœur musical du moment ?
JP : August greene, c’est JC qui m’a fait découvrir ça, un collectif de musiciens de jazz et d’un rappeur, la chanson s’appelle « Practice » et elle est très belle.
JC : Ah oui, je l’écoute beaucoup, ça file le bourdon ça aussi. En ce moment j’écoute phony ppl, sinon j’aime bien découvrir techniquement ce qui se passe dans le R’n B niveau production et boîtes à rythmes, ce sont des trucs qu’on ne sait pas faire et qu’on aime bien écouter donc on a des choses à apprendre dedans.
Une chanson que ta maman te chantait quand tu étais petit (la maman de JP était au concert)
JP : ma maman ne chante pas, mais mon papa chantait beaucoup de Mouloudji, je vais dire « Comme un p’tit coquelicot ». « Le myosotis et puis la rose ce sont des fleurs qui disent quelque chose, mais pour aimer les coquelicots et n’aimer qu’ça faut être idiot » C’est une histoire un peu triste, c’est un peu le dormeur du Val, c’est une chanson un peu dramatique mais très belle, mon papa imitait assez bien Mouloudji donc régulièrement il chantait cette chanson.
JC : Elle me chantait « Aux marches du palais », c’est d’ailleurs les premiers accords que j’ai du jouer à la guitare.
Et pour terminer, le premier titre français qui te vient à l’esprit ?
JP : J’écoute aussi très souvent les adaptations en français de Kurt Weill par Boris Vian et un récital de Pia Colombo. Elle chante incroyablement bien, un peu comme Piaf, elle a une gouaille de dingue, pour moi ça englobe finalement ce que j’aime de la musique classique, du jazz et de la chanson réaliste.
JC : Moi sinon, c’est « Les papillons » de Stephan Eicher sur son dernier disque, l’enregistrement est super beau, ça fait plaisir de le réentendre.
Les Innocents – 6 1/2 / Disponible chez RCA / Sony
Interview par Sally Cinnamon