Nombreux sont ceux parmi les plus de 30 ans à ignorer ce qu’est la Trap, ce phénomène qui sévit depuis pourtant plus d’une décennie.
Avant d’appeler ça “la trap” on parlait de rap dirty south (en référence au rap du sud des Etats Unis), ou encore, on disait du crunk. Aujourd’hui on parle de “trap”. OK! mais c’est quoi la trap?
La trap est une nouvelle esthétique du rap. Elle est même devenue l’esthétique dominante du hip hop des années post 2010. Et ce, y compris dans le rap français. Musicalement, techniquement elle est réalisée à partir de rythmes lents, très lents. Ce sont les charleston, les “hi hat” qui font le job en terme de remuage de têtes et de gibolles. Si le hip hop de nos parents tournait autour des 90 bpm (ce qu’on appelle par opposition “le boom bap“) la trap d’aujourd’hui flirte avec les 70 BPM (battements par minutes).
En terme de texture c’est un bon vieux son sec de boite à rythmes (TR 808) qui sert de référence. Après tous les morceaux évoluent avec le même patron. C’est les variantes de “charley” accélérés, en triolets, sur la croche, double croche… qui font la différence. En revanche, au niveau du flow vocal, la Trap, jouissant naturellement de plus d’espace dans le temps, offre d’avantage de liberté.
Mais alors pourquoi “la trap” et pas “le trap” ? Tout simplement par rapport aux “trap houses”, des taudits abandonnés squatté par des dealers qui cuisinent sur place, vendent sur place et si ça marche, montent un studio de rap dans la cave pour blanchir la monnaie en sortant des galettes vites faites, mal faites.. Quiconque a déjà utilisé un sampler Akai, une MPC, sait à quel point un rythme trap n’est pas de plus compliqué à sortir. Par exemple l’emblématique producteur Lex Luger a produit plus de 260 titres entre 2010 et 2011.
Est-ce que ça en fait une “musique pauvre” pour autant ? Oui ! par rapport à ses origines sociales, et son coté fonctionnel et quasi automatique. Non car c’est un peu ce qui a redonné un souffle à la musique des années 2000. Ralentir le rythme est devenue une épidémie dans le monde des musiques électroniques de la r&b radiophonique aux chapelles électro indie. Et puis avec ce courant musical, il est possible d’enchainer du rap et de la house. Ou tout simplement de danser sur du rap avec tout son corps. Fini le simple hochement de tête -sorte de head-banging chauve du rappeur- finis aussi les concerts entre braguettes. La Trap a aussi considérablement rajeunit et féminisé le public rap. Souvenez vous 2013, le Harlem Shake, c’était sur de la trap.
Les artisans de la Trap pour n’en citer que quelques uns sont Gucci Mane, Young Jeezy, T.I, 2 chainz, Lil Wayne (…) Aujourd’hui c’est Future, Young Thug, (Joke, Gradur pour la France) mais aussi Hudson Mohawkie, Diplo, Rustie pour l’électro.