MARSATAC2014 : Le festival marseillais reprend place dans une Friche Belle-de-Mai agrandie. Pour sa seizième édition le festival aussi a grandi. Retour express sur trois jours de festivités qui ont rassemblé plus de 20 000 personnes.
Qui dit gros évènement dit plusieurs scènes. 4 espaces scéniques s’offraient à nous. Sur un grand site industriel comme la Friche Belle-de-Mai cela implique des choix. Voici les artistes et groupes que nous sommes allés voir et écouter cette année.
Jeudi @ Marsatac 2014
Marseille Saint Charles, Il est 15:00, il fait chaud, c’est le sud. Quand on arrive en TGV on longe la friche Belle-de-Mai. Restes de la manufacture de tabac de Marseille, elle abrite un centre culturel, un skate park, c’est un lieu de diffusion et d’échanges. Cette année Marsatac souffle 16 bougies et si les débuts du festival en faisait un évènement local, plutôt axé musiques urbaines, aujourd’hui l’évènement à un rayonnement national et au delà. Le line up en est la preuve, de découverte rock ou hip hop, jusqu’aux DJ mondialement connus. Il y a de la place pour tous ici.
Le lieu est tout simplement magique, à l’heure où le concert commence, le ciel semble faire corps avec le béton du sol qui reflète les nuages. Au milieu de l’immense toit terrasse trône une petite scène où Date With Elvis délivre un rock généreux qui entraine les premiers spectateurs dans leur univers. On voyage de Marseille au far west ! Leur titres sont simples mais efficaces et malgré la perte de son dans l’espace leur énergie reste intacte. Le duo marseillais évolue sous le label local la Dame Noire, habituellement électro le choix de se rapprocher du rock est peut être du à la proximité ou juste au besoin de métissage. Toujours est il que Date With Elvis sort du lot ! Le live décoiffe sérieusement !
Le temps de faire un tour d’horizon et on redescend dans la salle du cabaret, hangar large où nous découvrons Kid Karate. Ces irlandais sont électriques, du rock à l’état de matière première. Pas de chichis, juste du son et un chant comme un cri, pour dire qu’on existe. Ils sautent dans tous les sens, la batterie tape, la basse est endiablée. En trois titres ils ont embarqué tout le monde et la salle vibre presque à vif, entre douleur et libération. Le chanteur est magnétique, il joue comme il respire, donne tout comme s’il y en allait de sa vie. On ressort en sueur, vidé ou libéré, peu importe : on est bien dans cette soirée du jeudi !
Le temps d’un hot dog et d’une bière pour tenir le coup et nous voilà devant les Young Gods. Est il utile de revenir sur la carrière de helvétiques ? Formé en 1985, ayant usés labels et collaborateurs, le groupe sert un rock industriel, punk souvent et très engagé. On reprend donc une grosse dose de sueur en sautant sur les rythmes saccadés et les guitares qui saturent.
La soirée se finira là pour nous, devant un Black Strobe trop vu ou trop entendu… Le nouvel album sortant cette semaine, nous reviendrons dessus, mais une autre fois.
Vendredi @ Marsatac 2014:
On commence avec Hugo Kant, un garçon du cru aussi, mais pas que. Protégé de Chinese Man, il propose une belle musique narrative proche du nu-jazz mais conservant des accents soul. Hugo Kant peut suivre avec fierté les chemin de Soul Wax avant lui. A la différence qu’il est tout seul et qu’il joue de plus de 8 instruments ! Sur scène c’est un régal de le voir passer de l’un à l’autre avec un naturel déconcertant. C’est une fois de plus le tapis volant direction les nuages pour nous !
On enchainera sur Quantic, l’ovni « world » de la soirée. Il n’aime pas ça, William aka Quantic, qu’on le classe dans la catégorie « world music ». Il préfère dire que sa musique est métisse, qu’elle voyage et qu’elle forme un tout de ce qu’elle rapporte dans ses valises. En attendant la salle est transformée en piste de danse, tout le monde ondule (si, si ..) et la joie pure infiltre le public. Pas de baisse de régime, pas de trève, pendant une heure : il nous a mis … la fièvre ! Pour un anglais à Marseille ça ne manque pas d’air !
Skip the Use emballe la cartonnerie! Mat Bastard n’hésitera pas à faire s’asseoir tout le monde et a créer de vrais instants de partage avec le public. L’album Little Armageddon n’est étranger a personne dans la salle et tout le monde chante les refrains. Des mosh pit improvisés des chants a capela maitrisés : la foule est au rendez-vous et le groupe n’a pas manqué de récompenser son public!
Les Casseurs Flowters, nous montrent qu’ils maîtrisent leur sujet malgré un set haché et noyé dans les infra-basses (dur de distinguer les lyrics). Oreslan et Gringe sont a la hauteur de l’évènement et nous le montrent. Les jeunes festivaliers venus en masse se prennent par les épaules et chantent tous en coeur comme l’auraient fait de bons marins. Destruction de CD géants, de grand “culs-secs” les Casseurs Flowter aiment illustrer leurs propos et nous le font savoir. Malgré son experience en matière de saut dans la foule Orelsan ne manquera pas de chuter a la sortie; Tout un symbole. DJ PONE nous montre ses talents de scratcher en mode hip hop original.
Le DJ slovène Gramatik arrive avec son univers funk/jazz et “bluestep”; personne n’y échappera. La reprise de Get on up interprétée avec son acolyte saxophoniste agrémentée de sonorités trap donne son effet et ne manque pas d’ambiancer toute la salle voire de séduire une partie du public pas forcement fan de musique électro.
la vraie perle de ce vendredi soir c’est la jeune chanteuse Coely c’est une jeune fille comme tant d’autres, elle à 17 ans quand elle commence le hip hop et même si ses idoles sont Maria Carrey ou Laureen Hill, elle ne pensait pas que son talent la propulserait dans une si vaste aventure. Originaire de Belgique, elle arrive à Marseille pour présenter sur scène son premier Ep. Et le Cabaret Aléatoire est vide quand elle comment son set ! En deux chanson il est rempli, tout le monde se presse vers la scène. L’artiste passe par tous les registres, tout ceux qui ont fait sa musique : Gospel, Soul, Jazz, Rap. La rythmique est implacable, les samples efficaces et le chant sans doute. Moi j’ai vraiment l’impression qu’on assiste à l’arrivée en puissance d’un rap féminin, élégant et incontournable. Un énorme « big up » à cette jeune fille qui aura fait hurler de plaisir un cabaret comble et comblé. Vivement l’album !
Samedi @ Marsatac 2014 :
La soirée commence sous le signe de la new-wave. Le concert du marseillais Kid Francescoli remplit le cabaret aléatoire. Son set nous perche un peu, juste assez pour être en bonne condition pour le concert de Trentemoller dans la grande salle (Cartonerie). Le groupe nous surprend par son énergie, son batteur, ses boucles de synthé, sa faculté de monter en progression partant d’atmosphères brumeuses jusqu’aux apothéoses techno acoustique. On se croirait par moment en train d’écouter du vieux OMD ou les Depeche Mode des débuts.
Il faudra attendre l’arrivée des tontons de la french touch Etienne de Crecy, Julien Delfaud et Alex Gopher pour changer radicalement d’ambiance avec le retour du retour de Superdiscount. Entre 70’s, 90’s et 2014 La disco synthétique et low-cost du trio Superdicount 3 donne envie de danser avec ses pieds. Le showlight, la très belle srtucture scénique qui entoure le trio ajoute à ce live une dimension visuelle plus qu’appréciable. Et vous me croirez ou non.. Le son de la cartonerie était bon.. enfin acceptable.
Le bitume est tout juste tiéde pour accueillir “Gesaaaaaaaa” Oui “Gesa” c’est comme ça que les jeunes appellent Gesaffelstein qui réunit un public assez éclectique pour le coup. De mémoire de marsien j’ai rarement vu la Cartonerie aussi pleine. C’est le feu de fond en comble sur les beats hyper “fat” de Gesa.. euh, pardon Gesaffelstein messieurs dames. Le clou de la soirée, pour ne pas dire du festival. Certainement la nouvelle révélation estampillé “french touch” après Daft Punk et Justice.
Article co-écrit par Marika D (jeudi-vendredi), Pablo & Hugo (vendredi) Pierre Fosco (samedi) Photos : Ciryl Galliné, Marika B, Boby