Sur « Blackened Cities », Mélanie De Biasio ne brusque pas le temps, elle l’effleure de sa délicatesse. Les 25 minutes de cette pièce ambitieuse confirmant un peu plus la dimension quasi spirituelle de sa musique.
Mélanie De Biasio maintient le cap amorcé avec l’ovni No Deal, « Blackened Cities » étincelant de cette même trempe insaisissable. Plus insaisissable encore car définitivement expérimental et affranchi de tout format conventionnel.
« Je crois qu’on ne s’attendait pas à cela, une pièce musicale de 25 minutes, qui ne soit pas un successeur à No Deal, ou autre chose qu’une suite de nouvelles chansons »
Mélanie et ses musiciens tissent dans une sorte d’instinct créatif cette immersion introspective imagée par les villes post-industrielles (dont Charleroi, sa ville natale). Une spontanéité préservée par une post-production réduite au minimum d’un après-midi (inspiré) d’automne.
La durée devient secondaire puisque le référentiel se révèle ici purement musical. Seul compte l’épanouissement de cette pièce hors norme, de son épure introductive à la douce déclinaison des derniers instants. Deux repères entre lesquels « Blackened Cities » s’étoffe avec parcimonie, déroulement sensuel d’un crescendo feutré. L’envoûtement est sombre et sublimé par la voix suave de la jazzwoman belge. Dans une déclinaison de chant, spoken word et chuchotement.
Aussi belle soit-elle, une telle audace frise l’indécence à une époque où la musique se consomme aussi vite qu’elle se jette. Triste réalité qui n’altère en rien la foi artistique de Mélanie :
« Mais la musique peut repousser les limites de la bienséance et heureusement, laisser encore place au rêve »
Tout est dit, n’est-ce pas ?
Indice de satisfaction : 89 %