Mo Cushle fait les présentations ! (interview)
Mo Cushle est bavarde, mais pas du genre à ne parler pour ne rien dire ! Alors si vous ne la connaissez pas encore, voilà une occasion en or de vous rattraper !
Interview exclusive d’une artiste passionnée et passionnante, dont le (fortement recommandé) premier album sort dans une semaine.

MusiK Please : Tout d’abord une présentation s’impose !
Mo Cushle : Bonjour je m’appelle Mo Cushle, ça veut dire ma chair mon sang en gaélique, d’où le nom de mon album.
Cette idée de « pop anatomique », avec un disque totalement dédié au corps humain, d’où vient-elle ?
Mo Cushle : Quand on est artiste, il y a deux écoles. Soit on sacrifie sa vie pour son art/travail/passion/addiction, soit on utilise son art pour soigner sa vie. J’ai eu la chance de travailler avec la danseuse et chorégraphe américaine Anna Halprin à San Francisco qui créé un pont entre l’art et la vie avec une méthode de guérison par la danse, le dessin et l’écriture créative. Elle pense que toutes nos histoires sont coincées dans nos corps et qu’il faut les transformer par le mouvement pour se mettre à l’écoute du corps.
Chanter mes chansons est ma façon de transformer la réalité en oeuvre d’art pour pouvoir l’accepter. Par exemple « Ivory », les yeux, parle du rapport aux apparences, à ce que l’on accepte de voir ou pas dans sa vie. De comment on peut se mentir à soi-même, en fermant les yeux sur notre nature véritable.
L’album est une mosaïque des différentes parties du corps en chansons. Cette mosaïque donne un autoportrait, le corps d’une femme enfermée dans sa bibliothèque, dans ses histoires, la pochette de l’album.
Et comment en a découlé le processus de composition ?
Les chansons sont sorties sous formes d’improvisations en anglais, sur de la guitare, du piano, des jams entre musiciens, des instrus électros. J’enregistre tout sur mon dictaphone et je réécoute en faisant autre choses. Quand une mélodie capte mon attention, je la mets de côté et je structure à partir de là. Ensuite les mots changent, passent en français parfois. Mais le moment de confrontation, de transformation se passe au moment du premier jet. Il faut réussir à garder ce moment où l’émotion vécue se transforme en quelque-chose de plus universel qui peut toucher les autres.

Au départ, je jouais en duo guitare voix, et je construisais le répertoire en fonction des concerts. Des morceaux plus jazz pour ouvrir pour Ludovico Einaudi, plus rock pour King Charles, plus soul pour Imany. Nous avons beaucoup inventé avec le public. Mais avant de passer en studio j’ai voulu développer d’autres aspects du projet. Je suis partie étudier aux Etats-Unis, pour l’art thérapie, et j’ai commencé à exercer dans les hôpitaux, les écoles, avec des groupes, en individuel. Je voulais utiliser l’art pour me transformer et pour aider les gens à se transformer eux-mêmes, pas seulement pour les divertir.
Quand j’ai eu la chance d’être en studio pour enregistrer mes chansons, la nécessité qui m’avait poussé à les écrire m’a éclaté au visage. J’ai redécouvert le sens des histoires qui était dans chacun des mots, après avoir mené cette enquête sur moi-même. J’espère que l’album va donner envie aux auditeurs de se découvrir, de ressentir plus, d’écouter plus attentivement leur unicité.
« Ma Chair, Mon Sang » est votre premier album, pourtant il révèle une grande maîtrise vocale. Chantez-vous depuis longtemps ?
Je ne me souviens pas d’un jour dans ma vie où je n’ai pas chanté. Je ne me rends même pas compte que je chante. Faire vibrer mon corps avec le son me fait du bien et je ne pourrai jamais m’arrêter de chanter. Le chant est toujours le plus important.
Quand j’écoute de la musique j’écoute toujours la voix, ensuite les paroles, puis la mélodie et la musique. J’aime rencontrer les gens à travers leur voix, tombée amoureuse d’une voix.
Quelles sont vos influences principales ?
Mo Cushle : Les chanteuses de jazz comme Peggy Lee, Dinah Washington, Billie Holiday. Sinon je suis de la génération de celles qui chantaient Fiona Apple par cœur dans la cour du collège.
Mon autre grosse influence c’est mon frère qui a commencé par être bassiste dans un groupe de metal puis DJ en drum and bass, puis dub step, et aujourd’hui son groupe Dirtyphonics.
Pendant que j’écrivais mes dissertations de philo j’entendais mon frère mixer de l’autre côté du mur de ma chambre. Ça a dû beaucoup m’influencer, surtout dans l’idée de construire un voyage pour les gens. Un DJ joue avec les émotions et cette mise en scène par le son m’a toujours fasciné.
Et votre coup de cœur musical du moment ?
Mo Cushle : Le dernier album de James Blake, que je connais déjà par cœur. J’adore évidemment Rosalia, voix extraordinaire.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
Mo Cushle : Que le spectacle de lancement de mon album au Petit Palace le 12 et 13 mars touche les gens qui seront là. Que l’album soit entendu et qu’il inspire le plus grand nombre à faire de sa vie une oeuvre d’art.
#WomenDayIsEveryDay
Grand merci aux deux Marion !