Mogwai et Timber Timbre aux Nuits de Fourvière (Lyon)
C’est sous une pluie battante ponctuée de quelques sympathiques éclairs et autres coups de tonnerre que les Nuits de Fourvière ont accueilli dimanche dernier les écossais de Mogwai et le groupe Timber Timbre. Numéro 1 des sites musicaux amphibies, MusiK Please était présent à cette soirée humide mais avant tout envoûtante… LIVE REPORT :
D’une programmation éclectique et raffinée, le festival des Nuits de Fourvière tire notamment sa notoriété (méritée) du soin méticuleux qu’il porte au choix de ses premières parties. Et cette date ne déroge pas à la règle puisque ce sont les Timber Timbre qui ouvrent le bal. Géniteur de 5 albums à la croisée rock, folk et blues, ce groupe canadien jouit d’une certaine renommée artistique, à l’image de « Hot Dreams », leur dernier opus unanimement salué par les médias.
De quoi débuter la soirée sous les meilleurs auspices. Les musiciens sont bien en place, quant à leur leader Taylor Kirk, il a de la présence, de l’humour et surtout une véritable voix de crooner. Timber Timbre distille ainsi quelques moments dont l’élégance et la mélancolie laissent rêveur. Mais le concert ne tient pas sur la longueur et l’ennui se fait parfois ressentir. Une impression légitimée par la propagation répétée de chuchotements dans la fosse laissant supposer qu’une prestation plus courte et plus homogène aurait probablement davantage conquis le public lyonnais.
Il est pratiquement 22h30 lorsque Mogwai, les virtuoses du post-rock investissent la scène du théâtre antique. Les cinq écossais nous ouvrent délicatement les portes de leur univers complexe et magique avec la douceur quasi-feutrée de « Heard About You Last Night », premier extrait de « Rave Tapes », leur disque sorti cette année (et en écoute gratuite ici). S’ensuivent « Friend of the Night » puis « Take Me Somewhere Nice » dans un déploiement fluide au sein duquel la tension monte de manière quasiment imperceptible malgré la retenue dont font preuve les musiciens.
La lente ascension de cette trilogie introductive n’est pas anodine et amorce avec une évidence déconcertante le premier point de rupture : un « Master Card » nettement moins lisse et diablement plus électrique qu’en version studio. Faisant pour majorité la part belle à ses deux derniers albums (sept des quatorze titres interprétés), Mogwai pioche néanmoins un peu partout dans sa discographie bien fournie et nous fait même don d’une face B (« Ithica 279 ») exécutée par un trio de guitares débridées.
Les écossais ne faillissent pas à leur réputation de jouer fort sur scène. Sans monter exagérément (et inutilement) dans les décibels, le son est puissant et clair. D’un perfectionnisme extrême en matière de qualité sonore, les musiciens ne cessent d’interpeller leur ingénieur du son afin de régler au plus juste le retour de leurs multiples instruments.
Le show donne par ailleurs lieu à l’apparition de Luke Sutherland, membre occasionnel du groupe sur quelques-uns de ses disques. Cet artiste touche à tout, écrivain et multi-instrumentaliste, pose non seulement sa voix sur Mexican Grand Prix, mais vient également étoffer certains morceaux d’une touche de violon (« White Noise », « Mexican Grand Prix ») ou encore amplifier le jeu de batterie de Martin Bulloch par une adjonction de percussions remarquablement efficace. Couplé aux lignes de basses inoxydables et précises de Dominic Aitchison, le relief rythmique qui en émerge se révèle tout simplement imparable. A ce petit jeu, « Remurdered » prend alors sur scène une toute autre dimension et souligne à quel point le live demeure le meilleur support d’expression et de créativité de ce groupe aux innombrables nuances sonores. Là où Mogwai pourrait dénaturer les ambiances qu’il développe en doublant les percussions ou triplant les guitares, il parvient au contraire à les exacerber en creusant avec maestria les contrastes accalmies/déflagrations.
Lorsqu’il se trouve ainsi inspiré de commotions sonores de cet acabit, le temps défile. A un point tel que voir les écossais quitter déjà la scène parait presque irréel. Mais la frustration est de courte durée, le sextet enchaînant dans la foulée un rappel infaillible : le captivant « Hunted by a Freak » en prémices de l’incontournable hymne « Mogwai Fear Satan » qui synthétise à lui-seul et en une dizaine de minutes l’excellence du groupe à osciller de la quiétude atmosphérique à l’abime sonore et vice-versa.
Exaltant mais malheureusement trop court : à peine 1h30 min, c’est le temps qu’il aura fallu aux Mogwai pour avoir le dernier mot sur la météo : en cette soirée diluvienne et orageuse, le ciel fut finalement bien moins électrique que la scène de Fourvière…
Article : Betty / Photos: ©Michel Ribes
Setlist :
Heard About You Last Night
Friend of the Night
Take Me Somewhere Nice
Master Card
Ithica 279
White Noise
Mexican Grand Prix
Auto Rock
Deesh
How to Be a Werewolf
Remurdered
We’re No Here
Rappel :
Hunted by a Freak
Mogwai Fear Satan