Mount Kimbie, virage réussi
En délaissant l’électronique au profit de l’électrique et de la pop, Mount Kimbie franchit avec succès le col du troisième album sur un « Love What Survives » dans l’air du temps.
Difficile pour les fans de la première heure de s’y retrouver à l’approche de « Love What Survives ». Il semble loin le labellisé « post dub-step » minimaliste du premier album « Crooks And Lovers » (2010) à l’écoute d’un troisième long-format de Mount Kimbie résolument pop. C’était déjà – un peu – le cas lors du précédent « Cold Spring Fault Less Youth » (2013) mais les Anglais de chez Warp enfoncent ici le clou totalement. Au grand dam d’un « early adopter » de notre équipe de rédacteurs.
Plus proche ici de The Cure ou de Joy Division que de Dizzee Rascal ou Burial, le duo poursuit sa mue sans complexe en livrant un disque assez envoûtant après quatre ans de silence. Alors que Dominic Maker vit désormais en Californie et que Kai Campos traîne toujours sur Londres, les compères ont pris leur temps avant de se retrouver pour « Love What Survives ». Et de bien s’entourer avec un casting luxueux rassemblant King Krule, Mica Levi, Andrea Balency ou encore James Blake venus prêter respectivement leurs voix aux mélodies à la fois sombres et chamarrées du tandem.
Mêlant adroitement musiques synthétiques (les Korg MS-20 et Delta ont été beaucoup utilisés) et instruments classiques avec l’omniprésence de la basse, ce disque court et varié (39 minutes) balaye electronica (l’excellent single instrumental « Delta»), Goth-Wave (le très Cure « Audition »), Kraut (« You Look Certain » sonne comme du Stereolab), Post-Punk ou ballades vénéneuses (les titres avec James Blake ou l’exotique « Marilyn ») sans sourciller. Soit les courants les plus usités du moment ce qui pourrait être le défaut d’un album presque « trop » dans l’air du temps et plus vraiment dansant.
Si l’introduction martiale « Four Year And One Day » met tout de suite dans l’ambiance, l’emballant « Blue Train Lines » avec le chant punk de King Krule fonctionne à plein tube. Les deux apparitions de James Blake, qui a participé à la composition, sont d’une grande beauté avec l’orgue de « We Got Home Together » ou le chant plaintif de « How We Got By ».
Mount Kimbie parvient ainsi à synthétiser l’héritage pop anglais en l’alliant à ses représentants contemporains parmi les plus créatifs (King Krule, James Blake). Malins, les alchimistes Maker et Campos arrivent tranquillement à maturité.