Les marseillais de NASSER présentent leur troisième album The Outcome.
Putain, 5 ans ! 5 ans d’attente depuis #7, c’était long. Mais merci les gars, vous ne nous avez pas oubliés. #7 était le deuxième album studio du groupe et #7 car le septième élément pressé par le groupe. Même si le son n’a pas pris une ride, on est content d’avoir du nouveau. C’est vrai, vous avez pas chômés pendant tout ce temps, les tournées, projets parallèles, etc… Les clips, French 79 et autres. OK vos trucs en solo c’était marrant mais, avouez, c’est toujours mieux à plusieurs ?
The Outcome casse le mythe numéroté, l’album s’inscrit dans le rouge fantome. Le trio est devenu duo, Nico bastonne à la batterie et au chant, Simon les synthés et la guitare (mais aussi les synthés !). Ecoute piste par piste :
The Outcome
L’album s’ouvre dans un registre épuré : la voix est maîtrisée, les choeurs enveloppent les oreilles dès l’ouverture. Petit à petit, la batterie s’introduit dans les programmations. Puis la guitare balance les accords… la batterie devient ensuite puissante et sautillante, les synthés sont à fond ! Nasser est de retour.
Le chanteur et aussi batteur martèle, scande les temps, se cale sur le tempo et joue avec avec évidence et quelques surprises comme l’arrivée de la caisse claire sur le premier couplet de la chanson.
Love
La basse est grasse, lourde.
La voix surprend, haut perchée.
Un crooner aigu, après des Odes à la fête et à la violence, voilà une chanson d’amour pour Nasser, belle. Mais toujours effrayante, un peu trop agressive pour être l’amour parfait.
Écho au Lust And Love du premier album, mais incarnée alors par Kid Francescoli, comme si le groupe ne s’autorisait alors pas ce registre sentimental.
Rupture
La rupture, déjà ? Cette troisième piste éclair, en mode garage-robotique, nous renvoie dans les délires moites des caves marseillaises, avec et cette voix qui scande à la folie, bien représentée dans les albums précédents. Encore plus rock, encore plus machine : Nasser est encore plus fort.
The End
Le rythme part, minimaliste, et le chant onirique se pose sur la basse obsédante. Les sirènes ont beau nous alerter de la catastrophe à venir : tant pis, on reste là, on attend. Des orgues maléfiques pitchées à outrances nous harcèlent et la voix nous répète en boucle des mantras hallucinés. La nappe des synthétiseurs nous enveloppe. Décollage immédiat vers un nouveau territoire cold-wave.
“I’ve got the money in my pocket,
We’ll follow their dreams to the end…”
Mais la chaleur est là. La batterie s’introduit, sans breaks pharaoniques ni fanfaronnades excessives. Efficace, elle démode la boîte à rythme dans un retour de pédale imprévu. La guitare électrique s’affiche comme indispensable à cette musique électronique contemporaine. Ici et maintenant, l’analogique fait l’amour à l’électronique : l’humain et le métronomique à la fois.
C’est exactement ce sentiment qui rend les enregistrements et les lives de Nasser si particuliers et si fous. On se surprend toujours à mimer la batterie dans sa chaise de bureau ou bien à hurler les refrains dans la fosse, à milles lieux de l’écoute branchée d’une musique électronique aux interprètes classes et immobiles. La musique de Nasser sent – “en même temps !” – la sueur et l’ordinateur en surchauffe.
Pour le groupe, cette chanson-fleuve à plusieurs voix de plus de sept minutes ouvre le chemin à des formats hors-norme, dans la lignée du monumental “The League” qui fermait le dernier album.
Electric Lady
La voix intrigue en off, une amante éloignée ?
La voix machine du futur ?
Interlude ? Musique de film ? Cyborg chantant ? Les trois.
Can’t Get Out
Couplet braillard
Refrain à chanter entre potes
Guitare folle, synthétiseur ultra énervés, batterie qui tabasse
Une recette qui fonctionne, futur single ?
Sounds From The Void
Encore cette voix haut perchée qui nous accroche, sur un rythme surpuissant. La tristesse est une émotion relativement nouvelle dans le registre de Nasser. Jusqu’ici, la mélancolie était assez peu présente et pour cause : elle était inutile, oubliée par l’euphorie, la transe et la violence qui irradiait les morceaux. La pause a été salutaire et le résultat (“the outcome”) est là. Oui, le nouvel album de Nasser rend triste et c’est beau. Marseille sans soleil.
Ghost Radio
La batterie et la boite à rythme versus le fantôme de David Bowie
Hymne synthétique au défunt chanteur
Listeners
Une annonce apocalyptique. On nous chuchote que le territoire se trouvant entre nos deux oreilles va être dévasté. C’est la fin du monde : alors dansons !
L’expérience French 79 est passée par là.
The Preacher
OK pour cette nouvelle croyance.
Chaos A.D.
La voix féminine revient pour la troisième fois
Rassurante, après le déluge de décibels
L’album s’éteint en douceur.
En tout cas, nous connaissons notre destination : le prochain concert de Nasser le 15/06/2018 à Marseille au Festival Marsatac.
NASSER – The Outcome / date de sorie 16 mars 2018 (WW Records/Pschent)
#MarseilleTropPuissant