Après son escapade avec Husbands, Oh! Tiger Mountain a repris sa route en solo avec Altered Man, un troisième album épatant. Rencontre au Festival Yeah 2017.
Musikplease : Ne regrettes-tu pas d’avoir pris ce patronyme avant chaque séance d’interview ?
Oh! Tiger Mountain : Non pas du tout, car il y a une explication rationnelle : C’est un clin d’oeil au deuxième album solo de Brian Eno qui s’appelle Taking Tiger Mountain. A l’époque où j’ai choisi le nom, je le découvrais et je suis devenu très très fan, bien sûr !
Justement, ta voix me fait de plus en plus penser à David Bowie…
Oh! Tiger Mountain : C’est vrai que sorti des Beatles, le premier truc sur lequel j’ai bloqué, c’est Hunky Dory de Bowie. En plus, il est mort pendant que j’enregistrais mon album, donc il y a forcément des choses qui sortent, c’est normal.
Comment expliques-tu le grand écart entre le minimalisme de ton premier album et la luxuriance de Altered Man ?
Oh! Tiger Mountain : L’envie de faire le plus de choses possible. J’ai commencé sans aucune expérience et j’ai appris la technique de disque en disque. Donc, cela fait quelque chose de plus en plus élaboré, parce que l’écriture, elle, est toujours la même. L’idée est donc de changer l’emballage, la présentation de chansons que j’écris très vite à la guitare et de passer à un enregistrement 48 pistes. C’est maintenant, je pense, que je vais être à même de faire le tri avec intelligence.
C’est ce qui explique que tu es un Altered Man, un homme nouveau ?
Oh! Tiger Mountain : Oui, et puis internet surtout. Le fait que j’ai 35 ans, que j’ai vécu mon adolescence avec des cassettes et des disques introuvables et que maintenant, le but c’est de ne pas être réac ni mépriser l’époque. C’est hyper dur, parce que d’instinct le premier truc qui te vient, c’est ça quoi. Capter que OK Computer est aussi vieux pour un ado que pouvait l’être Sergent Pepper’s pour moi quand j’étais un gamin. C’est hyper bizarre et donc Altered Man, c’est le fait d’avoir pris un petit coup dans l’aile et aussi le fait de vivre de la science fiction. C’est comme vivre dans un roman de Philip K. Dick ou un épisode de la série Black Mirror. Des gens se déplacent avec des hoverboards à roulettes et c’est normal pour les kids.
Il y a aussi la notion de trouver une utilisation potable à la nostalgie de la musique des 60’s mais aussi des 90’s. Je ne cherche pas le vintage sur l’ensemble du disque : Il y a des pointes de trucs, ça pique à différentes époques. Pouvoir se dire “je veux la caisse claire de Peter Gabriel et les guitares de Black Sabbath“, c’est possible en fait. C’est un peu tout cela, la notion de Altered Man.
Le titre A Cowboy, c’est une façon de synthétiser ta passion pour l’Amérique ?
Oh! Tiger Mountain : Oui, et puis le fait d’être un peu l’américain de la place Jean Jaurès à Marseille. C’est pas pour rien qu’il y a un titre en français, d’ailleurs. Il y a aussi le syndrome de l’imposteur, de toujours avoir l’impression qu’un jour, les gens vont capter un truc par rapport à ce que je fais et se dire “mais c’est nul en fait”.
Tu peux nous en dire plus sur La ville est sale, ton premier titre en français ?
Oh! Tiger Mountain : C’est un morceau de rock français. J’avais le texte et ça me faisait marrer de faire du yéyé garage un peu énervé sur le disque. C’est un clin d’œil, un exercice de style. On a essayé de le produire le plus proche des choses qu’on aimait, genre Thee Oh Sees. En résumé, c’est un titre avec un vrai son psyché-garage et un texte un peu débile à la rock français des années 80.
Peux-tu nous expliquer la symbolique de la pochette d’Altered Man ?
Oh! Tiger Mountain : C’est le roi grenouille. C’est un truc qu’il y a chez moi et qu’on a composé avec ma femme entre le moment où l’on a emménagé dans l’appart et la fin de l’album. Elle avait cette espèce de porcelaine d’homme grenouille, habillé un peu façon Barry Lyndon, on ne sait pas trop. On a posé un miroir derrière, il y avait cette belle applique et on a commencé à rajouter des choses : La boule à facettes après le réveillon, puis on a commencé à faire des petites têtes de mort. C’est une représentation un peu mystique, à l’image de la création d’un disque. C’est aussi un truc très personnel, un instantané de notre vie durant les deux ans de création de l’album.
Les tonalités électro sur cet album, ça vient de ton passage chez Husbands ?
Oh! Tiger Mountain : Ben oui, j’allais pas le faire avant. On m’a appris 2-3 trucs que j’ai utilisés, c’est normal. J’ai compris comment ça marchait et comme mon disque n’est pas un disque électro, j’ai trouvé amusant d’en intégrer des éléments.
Après avoir travaillé en groupe, n’est-ce pas parfois ennuyeux se retrouver tout seul dans son studio ?
Oh! Tiger Mountain : Non, parce que je suis tout excité par le nouveau Oh! Tiger Mountain. Le disque est beaucoup plus riche et sur scène j’ai plein d’espace, un batteur, je fais des solos de guitare… Je suis content car avec Husbands sur le live, j’étais entertainer à 100% et là, je me retrouve plus musicien, plus concentré sur le son.
Quel est ton programme pour cette fin d’année ?
Oh! Tiger Mountain : On fait quelques concerts cet été avant de jouer dans des prisons, puis va venir le gros de la tournée – fin septembre/octobre – entre Marseille et la Suisse. Après, j’ai d’autres projets parallèles qui sont en train de se mettre en place : Le premier, en version indie rock très nostalgique et certainement pas en français. Et le second, façon musique électronique méditative très Brian Eno, et en français cette fois.