A l’occasion de la sortie des chroniques de Pierrot Lunaire MusiK Please a posé quelques questions à Tété.
MP- Bonjour Tété! Pour présenter vos nouvelles chansons, vous êtes parti en tournée des bibliothèques de France, seul avec votre guitare, face au public. Que gardez vous en mémoire de cette expérience? Ces rencontres vous ont-elles mené à faire des modifications sur l’album final?
Quel plaisir de partager ma musique en prise direct, sans effets ni réverb ! Un peu comme on aurait plaisir à offrir à un ami une pomme non traitée… Cette tournée m’a permis de comprendre de quoi parle vraiment l’album. Derrière cet homme qui perd pied face a la réalité et qui n’a d’autre choix que de changer le regard qu’il porte dessus à défaut de la changer, se cache plus généralement la peur du déclassement et de la perte d’identité.
MP- Cette expérience rappelle votre ancienne tournée au Japon : partir seul face à un nouvel auditoire. Au-delà du concert, est-ce la rencontre humaine avec le public que vous recherchez, quitte à prendre des risques ?
Absolument. La rencontre avec le public est essentielle pour moi. Après, je vais régulièrement au Japon depuis 12 ans déjà…
MP- Votre dernier album Nu Là-bas était coloré, électrique et soul. Les Chroniques de Pierrot Lunaire prend le contre pied en étant plus acoustique, tendance sépia et très blues. Est-ce une volonté de votre part ou vous êtes-vous laissé guider par l’inspiration du moment?
Oui, j’avais besoin d’aller au bout de cet album voulu plus aéré, plus dépouillé, pour laisser de la place a l’histoire justement.
MP- Restons sur l’évolution de votre travail par rapport à Nu Là-bas: la production elle-même est différente. Plus dénudée, plus roots, on a quitté les studios soul de Stax pour les studios blues de Chess. Comment s’est passé l’enregistrement?
Retour à l’artisanat. J’ai posé toutes les bases à la maison très simplement, puis j’ai terminé avec mon comparse de toujours Jean Francois Delort…
MP- La guitare est votre instrument de prédilection mais, ici, elle est encore plus mise en avant. Sur Costaud ou encore sur Le Soleil de Minuit, elle envahit totalement l’espace. Cela permet-il de mettre davantage en lumière votre jeu (rappelant ainsi les albums de Keziah Jones), par exemple ?
Oui, je viens de familles musicales très minimalistes mais j’ai toujours “enterré” la guitare sous des tonnes d’arrangements. J’avais envie de me tenir à cette sobriété cette fois…
MP- Vous êtes un des rares artistes dont on peut reconnaître la paternité d’une chanson juste en lisant les paroles. Comment avez-vous développé cet amour des mots (culture littéraire, héritage familial…) ?
La famille de ma mère où j’ai été élevé m’a toujours encouragé à lire. Je crois que c’est une empreinte très forte qui remonte à l’enfance…
MP- Les Chroniques de Pierrot Lunaire racontent la vie d’un homme qui réalise avoir perdu son âme d’enfant. On y parle de mélancolie et de désenchantement mais sans jamais tomber dans la sinistrose. Ben alors Tété? Vous avez le blues?!
Non justement. L’idée est de sanctuariser une part de rêve et de poésie en nous, manière d’opposer un contrepoint a l’âpreté de notre époque. C’est plein de lumière au contraire !
MP- Le premier single Persona Non Grata traite de la peur de la page blanche. Est-ce une fiction ou une réelle crainte pour vous?
Le plus difficile au bout 6 ans n’est pas de dire, mais de dire autrement…en en même temps quel fascinant voyage !
MP- J’ai eu un coup de cœur immédiat pour J’irai pas bosser ce matin: à la fois drôle, percutante et rythmée, elle me donne la patate chaque matin… avant d’aller bosser ! Comment vous est venue l’idée d’écrire une chanson comme celle-là?
Haha merci. En pensant à la chance que j’ai de faire un métier qui est une passion, je me suis demandé ce que je me dirais le matin si j’avais un métier qui ne me plaît pas justement…
MP- Je dois vous avouer que je n’ai pas tellement saisi la signification des interludes de cet album: pouvez-vous m’éclairer un peu ou cela doit-il rester un mystère?
C’est la conscience du personnage principal qui s’adresse à lui… C’est pour ça que la voix chuchote…
MP- Vous partez en tournée dès cet hiver (MusiK please sera au premier rang à Marseille le 18/11): comment envisagez-vous cette tournée et selon quelle configuration?
Dans le minimalisme d’un duo qui laisse plus de place autant à l’improvisation qu’à l’histoire. J’ai hâte de présenter les nouvelles chansons et les anciennes revisitées à cette occasion!
MP- En dehors de la musique, vous êtes également passionné de tatouages. IL vous reste de la place pour le logo de MusiK please?!
Haha la il va falloir qu’on s’en parle les copains
Interview de Kinou Zappa & Gapimette.