L’écrivain et poète Pascal Pacaly est l’auteur de “Rock Attitude” , livre regroupant plusieurs anecdotes inconnues et savoureuses de groupes et artistes français. Interview.
Pascal, depuis combien de temps écris-tu ?
Depuis une certaine adolescence bien pourrie, entre naïveté, indifférence, rêveries… ça commence par de la poésie, parce que finalement, c’est le plus facile – et le moins long – à écrire, et puis, et puis… et puis ça continue, un flot lâché qui ne se tarit plus, se déverse, se répand… Après, de manière plus “professionnelle”- mais je n’aime pas ce mot indigne vis-à-vis de l’art…- j’écris depuis 2007, date de sortie de mon premier livre, ” Histoire(s) de mon groupe de musique”
Rock attitude est un livre recensant les anecdotes et confidences de groupes ou artistes français, es-tu conscient qu’y retrouver des artistes comme Zaz, Sliimy ou Emma Daumas peut être déroutant pour le lecteur ?
C’est bien d’être dérouté, non ? Y’a bien assez de moutons dans la file… il y a des groupes bien Métal comme The Arrs ou Banane Métalique et tu ne m’en parles pas, tu ne me dis pas que ce n’est pas rock. Néanmoins, évidemment, je comprends ce que tu veux dire et beaucoup de gens m’on fait la réflexion “ non mais attends, Zaz, quoi”. Sauf que Zaz a un parcours vraiment atypique, entre punk à chiens et chansons dans le métro, une route beaucoup plus rock que pas mal d’artistes justement dits “rock”. Emma Daumas, ça reste une histoire rock… la Star Académy, qu’on le veuille ou non, a laissé une empreinte dans le paysage musical français. Il y avait donc l’envers du décor et aussi la suite. Parce que si tu récoltes une certaine forme de gloire, il y a aussi un paquet d’aléas derrière…
Ton style d’écriture est très personnel, les phrases sont courtes (voire très courtes) et semblent destinées à rythmer la lecture, est-ce volontaire ?
Oui et non : il faut y voir ici un résumé de mes influences littéraires qui sont le plus souvent américaines. Des auteurs comme Salinger, Bukowski ou Jim Caroll, m’ont beaucoup inspiré, notamment par ce fait tout simple : ils écrivent des nouvelles, un genre littéraire par forcément plus côté que ça chez nous. Chez Bukowski, l’écriture est brute, sans fioriture. Idem chez Jim Caroll. J’adore ces auteurs américains, car ils avaient un charisme de fou… alors qu’aujourd’hui, tout est si policé…
T’écoutes quoi en ce moment ?
Je viens de découvrir Thomas Azier… d’hab’ je ne suis pas trop électro…mais là, le mec a rajouté une touche pop, presque un côté 80’s à la Alphaville – oui, osons être éclectique. Je suis sous le charme, je n’écoute plus que ça… Je viens également de retrouver une vieille compile dans des années 90. Suis né en 1977, donc c’était toute mon adolescence… “Are you ready Eddy Steady go …” ça te dit quelque chose ?
A part écrire tu fais quoi ? Boulot ? Survie ?
On ne peut que survivre dans notre monde. Mais il y a pire que survivre en France. On ne relativise pas assez… il y a tellement de misère partout dans le monde : famines, pauvretés, violences, guerres… Nous avons la chance d’avoir un toit… Bien sûr, en France, cela ne va pas en s’améliorant, et la pauvreté augmente aussi chez nous. Mais bon, il faut bien avancer, vivre, survivre oui, chacun sa vie, son expérience, son chemin… mais toujours avancer, et pourquoi pas, laisser une trace de son passage…
Ton livre de chevet préféré ?
On est encore là demain… t’es prêt à y passer la nuit ? Bon, plus sérieusement, il y en a tant… entre les “Contes de la folie ordinaire” de Bukowski, “L’attrape-coeurs” de Salinger.. il n’y a pas un plus que l’autre, mais pour jouer le jeu je vais dire ” The Basketball Diaries” de Jim Caroll. Ce récit d’un New-Yorkais paumé – comme dans l’Attrape-coeur- lâché peu ou prou dans le ciment de la ville, dans ses bas-fonds aussi, entre drogue et sexe… l’adolescence qui fait mal…rêves et réalités…et le style, quel style ! Et l’auteur, qui a vécu tout ce qu’il a écrit, car récit quasi autobiographique, aujourd’hui jouant dans un groupe de rock…bref, tout est parfait, si l’on peut dire…
Le disque qui t’a fait tomber dans le Rock ?
Je vais citer “This is Hardcore” de Pulp. D’abord la couverture, cette blonde trash sur satin rouge…
Tu imagines tout et rien mais surtout sexe, drogues et rock ‘n roll. Tu sors des sentiers battus, tu voudrais vivre d’autres vies que celle de ton lycée, où tu es tout sauf à l’aise. Tu te dis qu’il y a une vie hors du quotidien, hors du métro-boulot-dodo que tu vois tout autour de toi. Et puis il y a ces chansons, ce son… tellement noir… on sent que le mec est dans les coulisses du succès, du business made in brisith rock. Derrière les rideaux, derrière le show, il y a tout un glauque, un désespoir qui est décrit dans ce disque. Mais en même temps, il y a aussi une critique de ce monde, un désir de retourner dans une réalité parfois sordide pour une majorité d’Anglais. Bref, le mec se met à nu, vide ses tripes, la dope, l’addiction à un monde d’illusions autant qu’une porte vers la réalité. Ça a commencé comme ça… Puis Suede, la brit pop, le glam, Bowie Stardust, tout s’enchaîne…
Rock on !