Madame de Staël a dit « L’homme se sent tellement passager qu’il a toujours de l’émotion en présence de ce qui est immuable. » Et lorsqu’on écoute Whispers, le nouvel opus de Passenger, l’émotion est là.
Indice de satisfaction : 85%.
Vous avez dû entendre son plus grand succès partout depuis mi-2013. « Let Her Go » a été diffusé en masse sur les stations de radio et dans les émissions de télé-réalité pour accentuer les grands moments d’émotions pré-enregistrés. Michael Rosenberg, alias Passenger, revient avec son cinquième album solo, humblement intitulé Whispers. Mais ne vous laissez pas avoir par ce titre un peu doucereux, qui ne présage que des balades folk un peu filasses. Parce que cet album est un mélange de cris de joie, de murmures solennels et de larmes qu’on laisse sortir sans en avoir peur. Une ode à la vulnérabilité et à l’envie de vivre très fort, peu importe les conséquences.
Tout commence par « Coins In A Fountain » qui arrive et nous berce, dans toute sa beauté; peace, love et petites fleurs. Le pouvoir de Passenger, c’est de mettre sa voix en valeur avec une instrumentalisation très sobre. Une guitare, quelques percussions, et des cordes, qui enflent à chaque fois, comme le vent souffle dans nos voiles. Et on se retrouve portés par cette énergie positive, parce qu’on veut croire que même à notre époque, un message comme celui-ci puisse prévaloir à la haine. On veut croire à un Amour roi. Dans « 27 » il chante son besoin de rester fidèle à lui même malgré les pressions de la société et de l’industrie dans laquelle il évolue depuis plus de onze ans. Et le mieux dans tout ça, c’est qu’il y arrive. Parce que Whispers n’est pas un album calibré pour la radio. C’est un album fait pour les soirées entre potes, pour les dimanches un peu mélancoliques, et les virées en voiture quand on ne sait pas vraiment où aller. Les paroles de « Heart’s On Fire » nous disent qu’il ne croule pas sous l’argent, mais que son cœur est en flammes. Un cœur vaillant pour une chanson à l’intimité précieuse, que l’on veut préserver de toutes nos forces.
A l’image d’un Ed Sheeran (dont il est très proche, jusqu’à faire la première partie de sa précédente tournée européenne) ou d’un Cat Stevens, Passenger plonge dans les tripes de chacun et en ressort des mots et des mélodies qui résonnent. « Golden Leaves » apparaît comme un hommage à nos morts, à ceux qui ont disparus en laissant une trace indélébile derrière eux. Toute personne écoutant de la musique cherche à être compris. A chercher une ancre dans un morceau, dans la plume d’un autre, pour ne plus être seul. C’est un voyage de l’esprit qui est offert dans « Rolling Stone » l’histoire de ce mec qui ne sait pas où il va, ni comment, ni pourquoi. La chanson d’une vingtaine paumée qui veut juste trouver sa place dans le monde. Et quand leur place n’est pas ici, les âmes qui n’ont pas de but partent le plus loin, comme dans « Riding To New York » qui sent bon le voyage initiatique à la Salinger.
La conclusion de cette chronique s’impose toute seule, par le dernier titre de l’album. « Scare Away The Dark » est l’occasion idéale pour Passenger d’encourager tous ces gens qui, comme lui, veulent poursuivre leurs rêves. Qui veulent chanter, danser, vivre leurs passions jusqu’au bout de leurs os fatigués. «We want something real, not just hashtags on Twitter. » chante-t-il, guitare à la main. La seule réalité que l’on voit ici, c’est la beauté de cet album. Le sentiment d’immortalité que l’on ressent à son écoute. Parce qu’au fond, peut-être que tout est possible, si on prend le risque de se lancer sur la route.
(Whispers est sorti le 11 Juin chez Sony Music.)
Mika.