Penelope Antena : La musique comme voie de guérison (interview)
C’est aujourd’hui que Penelope Antena publie « Antelope ». Le surprenant disque d’une artiste qui l’est tout autant. La jeune Belge nous en révèle plus sur sa démarche artistique. Comme sur l’histoire de ce premier album aux inflexions de guérison.
Une exclusivité MusiK Please.

MusiK Please : « Antelope », votre premier album, a été enfanté dans la solitude, au milieu d’une forêt. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce cheminement ?
Penelope Antena : J’habitais à Bruxelles depuis longtemps, je n’y étais vraiment plus heureuse du tout. Ma musique n’avançait pas, je tournais en rond. J’ai rejoint un groupe à Londres, mais il s’est dissolu très vite et j’ai eu le cœur brisé à peu près en même temps. Je suis allé dans la maison de vacances de mes parents – qui a un studio d’enregistrement – pour me reconstruire et trouver quoi faire après. Je n’avais pas prévu d’écrire un album. Ça s’est fait naturellement. Et ça m’a guérie.
Concrètement, comme s’est déroulé le processus de composition dans ce lieu coupé du monde ?
Penelope : En fait, le temps a ralenti sans interruption de la vie, de ses amis, etc… On a le temps tout à coup d’expérimenter, chercher, apprendre. Quand on est plus sujet à un rythme imposé, on trouve le sien “biologiquement”. Je me réveillais très tôt le matin, au lever du soleil, j’allais au studio avec mon café, et j’explorais jusqu’à ce que quelque chose me parle. Comme le sample de voix dans “The Cedars” par exemple, trouvé par hasard, qui m’a tout de suite interpellé.
Comment en êtes-vous venue à utiliser les instruments de votre grand-père ?
Penelope : Quand mon grand père est décédé, on a ramené certains de ses instruments dans le studio où j’ai enregistré l’album, donc ils étaient tout autour de moi. Mais j’ai aussi beaucoup utilisé les instruments de mes parents. Le SH09 de ma mère, le DX7 de mon père (des synthétiseurs, ndlr)… C’était surtout les cassettes de mon grand-père la découverte. Des centaines de cassettes, des dizaines de lui qui écrit, qui répète. J’ai utilisé une de ses prises dans « June’ 87 », le morceau qui ouvre l’album.
Au-delà de ce patchwork musical, votre voix demeure l’élément central du disque. Chanter est-il quelque chose d’important pour vous ?
Penelope : Ça l’est, évidemment. Mais je ne pourrais pas faire que ça. J’ai besoin de produire, de raconter l’histoire en entier. Je ressens pour l’instant toujours le besoin de chanter sur mes morceaux, mais j’espère composer un album instrumental un jour, ou une soundtrack.
L’autoproduction, est-ce par défaut et/ou un choix assumé ?
Penelope : La production musicale m’a toujours passionnée, je tiens ça de ma mère (Isabelle Antena) qui produit sa musique depuis 35 ans. Tous les musiciens que j’admire produisent leur musique eux même. Moi je l’ai composée, produite, enregistrée puis mixée, sans avoir à attendre les conseils ou la validation d’un ingé. Protéger mon travail des compromis, des modes et des avis, c’est ce qui m’a permis de créer un projet extrêmement fragile, personnel et j’espère intemporel.
Comment définiriez-vous le style de votre musique ?
Penelope : Avec une liste d’artistes qui m’inspirent ? Tom Waits, Thom Yorke, Brian Eno, James Blake, Joni Mitchell et April Base.
Quelles sont vos influences principales ?
Penelope : J’ai grandi avec des parents musiciens donc j’étais toujours entourée de musique, mais je pense que ce qui influence un artiste au final, ce sont les instruments auxquels il/elle a accès. Moi j’avais ma guitare et puis des synthés, des synthés, des synthés. Un Moog Voyager dans le salon, un Juno 60 dans la chambre des parents, et plein de pédales d’effets partout.

Et votre coup de cœur musical du moment ?
Penelope : Le dernier album de Frankie Lee “Stillwater” chez Loose Music. C’est l’album idéal pour un road trip d’été. Il y a plein d’artistes incroyables à Minneapolis, David Huckfelt aussi avec “Stranger Angels”, dans des tons plus rauques. L’americana c’est la musique que j’écoute le plus.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
Penelope : Des collaborations ! C’était important d’écrire cet album seule, maintenant je veux vraiment m’entourer de musiciens pour écrire le prochain. J’aimerais rejoindre le collectif d’artistes PEOPLE aussi. Enfin et surtout, longue vie au label sur lequel sort l’album, Kowtow Records.
Merci à Penelope et Lola pour leur grande disponibilité et réactivité.
Penelope Antena – Antelope / Disponible chez Kowtow records.