Deux ans après notre première interview, Peter Peter s’est à nouveau confié pour nous. Rencontre avec le plus attachant des chanteurs canadiens.
MusiK Please : Peter, votre nouvel album prend un virage plus électro, je trouve. Quel était votre état d’esprit lors de son enregistrement ?
Peter Peter : Je dois dire qu’au moment de l’album j’étais très coincé dans ma tête. Je ne voyais pas vraiment mes amis, et je ne partageais pas beaucoup mon travail avec les autres. La production électronique me permettait de ne pas avoir recours à d’autres musiciens ou à devoir enregistrer dans un studio. Dans un 1er temps ça se prêtait parfaitement à ma phase introspective. Et ça ne dérangeait pas trop les voisins car je travaillais au casque.
MP : Une influence New Order / Manchester peut-être ?
Peter Peter : Non pas trop de new wave. J’écoutais de la musique façon très éclectique. Un jour j’écoutais Caribou, Jamie XX et le lendemain Ariel Pink ou Michel Berger.
MP : Paris est-elle toujours votre muse pour composer ?
Peter Peter : J’adore Paris mais je dois dire que c’est rarement une ville entière qui m’inspire. En ce moment c’est la grande fenêtre de mon appartement qui est ma muse. De là je vais où je veux.
MP : Loving Game semble être un titre à part sur Noir Eden. C’est quand même très meanstream, non ?
Peter Peter : Oui, Loving Game est une chanson plus radiophonique, plus « Mainstream ». Elle s’est manifestée comme ça naturellement. Je sentais qu’elle avait sa place sur le disque alors que d’autres chansons moins « catchy » ne me paraissaient pas appropriées pour Noir Éden. Elle était cohérente dans la narration, dans le récit, bien que la production était plus pop FM.
MP : Il y a deux ans, vous pensiez que votre prochain album serait sans doute moins morose. Et aujourd’hui ?
Peter Peter : Oui j’ai l’impression que globalement il fait moins dans la tristesse. Après je crois que la mélancolie se fraiera éternellement un chemin dans mes compositions. Je lui laisserai toujours de l’espace car j’aime sa palette de couleurs et sa sonorité. On fait bonne équipe.
MP : Pourquoi ce titre, Noir Eden ?
Peter Peter : Le titre a émergé très naïvement alors que j’écrivais la pièce titre. Ça fait référence au monde factice dans lequel le protagoniste se trouve. Il le baptise spontanément Noir Éden sans trop savoir de quoi il s’agit. Je laisse place à l’interprétation.
MP : Vous chantez quelques couplets en anglais désormais. Le début d’un virage linguistique ?
Peter Peter : Non ce ne sont que des emprunts. Je n’entendais pas ces parties en français c’est tout. Il n’y a pas de virage linguistique ou professionnel.
MP : Pourquoi partagez-vous l’affiche avec votre chat sur la pochette ?
Peter Peter : Ce n’est pas mon chat. C’est Humphrey le chat de l’assistante du photographe. Au départ j’étais au studio pour faire des photos de presse. Je me suis prêté au jeu sans trop savoir ce que ça allait donner. Dès que j’ai vu la photo j’ai su que ce serait ma « cover » alors que je travaillais celui-ci avec un illustrateur depuis des semaines et rien de concluant n’émanait de nos échanges.
MP : Spoon vient de sortir un nouvel album. Etes-vous toujours fan de ce groupe ?
Peter Peter : Oui toujours fan. J’ai écouté « Hot Thoughts » le jour de sa sortie. Il y a de très bonnes chansons. Ils demeurent toujours aussi curieux d’un album à l’autre. Un beau modèle artistique sur le long terme.
MP : Des coups de cœur question musique française ?
Peter Peter : Oui. Le dernier album de Vincent Delerm (À présent) et de Francois and the Atlas Mountains (Solide Mirage). J’aime aussi l’artiste Dodi El Sherbini.