Piers Faccini, l’espoir d’un passé
Deux ans après son Songs of time lost Piers Faccini revient nous livrer ses carnets de voyages. Et si il fait une halte, c’est juste le temps de nous saisir par la main pour nous emmener avec lui.
Entre Between Dogs and Wolves et ce nouvel album I Dreamed an Island Piers Faccini n’a eu de cesse que de rester au contact de son public. Tout d’abord en sortant à la fin du printemps un livre/disque, intitulé No One’s Here, recueil de poème introspectif, il a également participé au projet autour de Chet. Un blog (http://www.idreamedanisland.com) portant le nom de l’album a aussi été alimenté régulièrement retraçant la genèse du projet. Le songwriter a partagé avec nous ses voyages, inspirations ou encore présenté les musiciens venus tour à tour s’enregistrer dans son studio cévenol. Si Between Dogs And Wolves se voulait très intimiste, ce sixième album studio renoue avec des chansons aux rythmes plus rapides. On pense à Bring Down The Wall ou The Many Were One.
On retrouve en revanche le multi-linguisme, exploité pour la première fois sur le précédent opus. Et c’est d’ailleurs ici tout le jeu et l’enjeu de ce nouvel album. Dans I Dreamed an Island Piers Faccini nous peint un rêve d’une Sicile du 12ème siècle ou des cultures Occidentale, Byzantine et Islamique vivaient en harmonie. Cette harmonie, l’artiste arrivera à la réinventer au sein de l’album en invitant des musiciens aux parcours et cultures différentes. Si Simone Prattico accompagne Piers Faccini régulièrement depuis des années pour ses enregistrements ou ses concerts, nous avons le plaisir de retrouver plusieurs musiciens de la Canzioniere Grecanico Salentino avec qui Piers a déjà collaboré par le passé. Mauro Durante, Massimiliano Morabito ou encore Giulio Bianco se retrouvent au côté de Jasser Haj Youssef. Bill Cooley, américain spécialiste du psaltérion et Loy Ehrlich au guembri sont aussi de la partie. Enfin Malik Ziad viendra également psalmodier en arabe Ma Sicile, du poète Arabo-Sicilien Ibn-hamdis, au cœur d’une chanson. Si la musique de Piers Faccini a toujours été influencée par ses voyages et ses rencontres, nous sommes ici en présence d’un album des plus coloré, tant il y de sonorités d’ici et d’ailleurs qui s’entremêlent.
Également peintre et photographe un soin tout particulier est apporté à chaque nouvelle production. Ce nouvel objet n’échappe pas à la règle. Si sur les derniers albums Piers Faccini avait travaillé autour de collage papier pour les pochettes, il revient ici à la photographie chère à ses débuts. Un vinyl avec un 45 tours « handmade » en édition limitée à 250 exemplaires est prévu, disponible uniquement sur le site de son propre label Beating Drum.
Enfin cet album est presque revêtu d’une dimension politique, tant on sent un artiste ancré dans la société actuelle stigmatisant trop souvent l’inconnu. Une nouvelle fois, avec la simplicité déconcertante qui le caractérise, Piers Faccini nous arrache à notre réalité pour nous transporter dans nos rêves.