Un nouveau Prince est toujours quelque chose de spécial. Ça passe ou ça casse et bien souvent ça divise. Pourtant Art Official Age semble réconcilier tous les fans, même ceux devenus récalcitrants. Chronique d’un album annoncé.
Indice de Satisfaction 80%
Dans les légendes parmi les légendes, Prince peut se vanter de ne pas avoir réalisé particulièrement un album repère. Chacun d’entre nous a son album préféré de Prince -moi, étrangement, c’est la B.O de Batman-. La carrière du “nain de Minneapolis”, comme on ne le surnomme plus, est jonchée de disques éclectiques au styles funky d’avant garde. Pourtant il faut bien l’avouer, ces dernières années (pour ne pas dire cette dernière décennie), c’est plutôt un “retour arrière” qui caractérise le style de Prince.
En ce sens Art Official Age marque un retour du grand Prince (et parallèlement un retour sur une major). Prince semble enfin être sorti de sa villa pour écouter ce qui se fait en ce moment; surtout en terme de production et d’arrangements. Les puristes se plaindront alors peut-être de ne plus retrouver ses sons de batteries électroniques typiques des années 80, style omniprésent dans ses derniers albums 2Oten, Lotus Flower, Planet Earth.. Exception faite au titre The Gold Standard qui ne s’affranchit pas de ce code. Mais parcourons plutôt ensemble cet album de Prince:
- Cet album de Prince est riche en bien des sens. Le premier titre intitulé Art Official Age sonne comme un hymne. “Le générique du début” de l’album. Ce titre rapide truffé de variations dance, funk, hip hop nous rappelle une certaine Batdance. Un Prince flamboyant.
- Et ce juste avant de se plonger dans les nuages. Clouds, une ballade hyper funky au son qui tape. Le rythme est bien ‘fat’. Le style sensuel de la voix de Prince à son petit solo de guitare à la fin. Ce truc qu’il est un des derniers à oser faire et qui lui réussit fort bien.
- Breakdown est le point d’orgue de cet album. Un titre puissant, un “slow” comme ceux dans lesquels Prince se laisse hurler déployant tout son lyrisme et sa voix aigue si particulière. Ambiance Purple Rain ou Scandalous..
- The Gold Standard. Le titre qui recycle tous les codes de Prince. Les auto-choeurs, le rythme synthétique, les guitares à la James Brown. Un standardisation officielle de son art avec de la peinture métallisée en plus.
- U Know : Ici Prince s’essaye à l’auto-tune. Le truc dont il n’a évidemment pas besoin pourtant il détourne cet effet avec brio. Il nous sort des paroles presque rappées accompagnéés d’un sample de la “jazzy girl” Mila J.
- Breakfast Can Wait, par son classicisme, marque un petit temps mort. Rigoureusement… dispensable
- This Could Be Us est le titre qui a participé au teasing de l’album. De quoi montrer patte blanche. Une belle petite ballade r’n’b. Le titre romantique par excellence.
- Plus électro-funk et même un brin P-funk, le titre What It Feels Like est tout aussi “love”. Un peu banal mais réussi, une occasion de chanter avec Andy Allo.
- Une des autres perles de l’album en terme d’écriture. Way Back Home est profond. ce titre lent plus pop, plus trip hop, en tout cas moins soul que le reste du LP nous emporte à la première écoute.
- Funknroll ,malgré son titre, contient la version instrumentale la plus hip hop de l’album. On croirait entendre du Snoop Dogg époque Pharell Williams.
- Time est un titre réconfortant en duo avec sa petite protégée Andy Allo, une dernière caresse avant le titre final, le “générique de fin”
- Affirmation 3 sonne le glas, le titre “spoken word” interprété par Lianne La Havas nous raccompagne délicatement vers la sortie.
Au finale Prince ne pleure pas l’être perdu dans ses chansons. Le ton est résolument optimiste, les ambiances délicates et r&b à souhait. On ne peut qu’adhérer à ce Art Official Age qui marque le retour de Prince vers son label historique (Warner qu’il a quitté en 1996). Ce album est sorti en binôme avec un autre album collectif Plectum Electrum, celui-ci avec le groupe de filles qui accompagne Prince en Live. Chroniqué ici.