Robin Foster publie aujourd’hui « PenInsular III », dernier volet de sa trilogie cinémato-post-rock dédiée à la presqu’île de Crozon. L’occasion de faire plus ample connaissance avec ce compositeur Anglais prolifique et passionné, amoureux de la Bretagne au point de ne plus vouloir la quitter.
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Qui est Robin Foster ?
Une présentation s’impose : qui est Robin Foster ?
Robin Foster : Je suis un homme simple qui essaie de tracer son chemin dans l’univers.
Comment un artiste Anglais en vient-il à décider de s’installer en Bretagne, au fin fond du Finistère ?
Robin Foster : J’ai atterri ici il y a quelques années comme assistant d’enseignement dans les écoles. Je pense que c’était juste une excuse pour échapper à tout ce que je connaissais et débuter une aventure. Je savais que cela pourrait finir en une aventure musicale, c’était toujours en ce sens que je faisais avancer les choses. Après deux semaines à Brest, je jouais déjà dans un groupe.
Histoire d’amour

La presqu’ile de Crozon, c’est un peu une histoire d’amour ?
Robin Foster : Ce fut sans aucun doute le coup de foudre sur le champ… dès que j’ai vu la Tour Vauban, j’ai su que je voulais y jouer de la musique devant. Il émane de ce monument quelque chose d’intrinsèquement lynchien, c’est un peu comme Twin Peaks au bord de la mer. Je suis constamment inspiré par ce lieu, par ses habitants, ses histoires… c’est plutôt une atmosphère inhabituelle, magique. On me demande souvent de décrire plus précisément cette sensation, mais franchement je préfère ne pas savoir d’où viennent la magie et le mystère, préserver une part de secret pour moi aussi.
Vous lui avez dédié la trilogie « PenInsular »… pourquoi un triptyque ?
Robin Foster : J’ai grandi avec les trilogies : la trilogie des dollars de Sergio Leone, et évidemment celle initiale des Star Wars. Elles ont eu une influence énorme sur mon enfance, particulièrement au niveau musical. Avec PenInsular, dès que j’ai terminé le second volet, j’ai su que je voulais intiment faire une trilogie. Mais j’avais besoin de trouver le temps et la logique incombant. De fait, durant le second confinement je me suis immergé plus que jamais dans une sensibilité « insulaire ». De là, ma musique a coulé de nouveau de source, avec une essence plus personnelle, nettement plus que pour le premier chapitre… Je n’écris pas de chansons avec des paroles, j’essaie donc d’imprimer mes émotions au travers la musique, il est beaucoup plus intense de jouer un émotion que de l’exprimer verbalement.
Le septième art comme pilier
Votre musique s’ancre fortement dans le cinématographique, avec notamment la réalisation de plusieurs BO. Le cinéma est-il important pour vous ?
Robin Foster : Absolument. C’est le support qui m’influence le plus, c’est quelque chose qui m’accompagne constamment. Depuis que je suis petit garçon, j’ai toujours été fasciné par les bandes originales de film. Je sentais qu’elles se jouaient continuellement dans ma tête, 24 heures/24 7 jours/7. Impossible de les arrêter même si j’essayais. Mais ce n’est pas seulement la musique qui m’habite, il y a également les images et le cadrage, l’éclairage. Certains films m’inspirent fortement juste par leur visuel. Je suis un immense fan de David Lynch qui a d’ailleurs énormément influencé les albums PenInsular. Durant le confinement, j’ai re visionné tous ses films. J’en ai également regardé plus de 30 d’Hitchcock, qui sont aussi très inspirants visuellement parlant. « Les Oiseaux » aurait pu sans aucun doute être tourné à Camaret !
Quel est le morceau dont vous êtes le plus fier dans votre discographie ? Et pourquoi ?
Robin Foster : La réponse est facile : « Blue Lights At Dusk », extrait de mon premier album. A cette époque, je n’étais pas encore mon propre producteur, et celui avec lequel je travaillais me répétait que ce morceau était de la merde, qu’il n’avait aucun sens. Ce fut un énorme bras de fer avec lui pour obtenir la finalisation du morceau. Ma copine était présente à ce moment-là et j’ai quitté la salle de mixage pour la rejoindre dans une petite salle attenante. J’étais stressé mais elle m’a poussé à ne pas céder, et heureusement je l’ai écoutée.
Le morceau fut immédiatement retenu par Hugo Boss pour la pub Boss Bottled. Trois années ont passé et le type n’a plus jamais rien dit après ! Après cela, il ne m’a pas fallu longtemps pour que je devienne mon propre producteur !
Histoire d’amitié
Parlez-nous de votre collaboration/amitié avec Dave Pen*.
Robin Foster : Nous nous espionnions mutuellement sur nos blogs Myspace respectifs, c’était dans les années 2010. Un jour, il m’envoie un message sympa me demandant si je voulais venir le rencontrer à un concert d’Archive. Par chance, ils jouaient à Quimper 10 jours plus tard, alors bien sûr j’y suis allé. La connexion fut instantanée, et 3 mois plus tard nous nous retrouvions ensemble en studio. Nous sommes devenus de grands amis, et nous nous voyons aussi souvent que possible. Musicalement nous rebondissons l’un sur l’autre, ce qui s’avère une chose rare et précieuse !
* Dave Pen est un chanteur/musicien Anglais, notamment cofondateur de BirdPen, We Are Bodies ou encore membre du collectif Archive.
Peut-on imaginer une suite à votre projet commun We Are Bodies ?
Robin Foster : Nous l’avons déjà enregistrée ! Nous travaillons constamment et dès que nous le pouvons sur nos idées. Je ne sais pas quand ni comment cela sortira, mais ça sonne super bien !
Quel est votre coup de cœur du moment ?
Robin Foster : J’ai emporté tellement de vinyles avec moi pour le confinement qu’il est difficile de choisir un préféré ! Ces temps-ci, je reviens souvent sur le « Serpentine Prison » de Matt Berninger. C’est un album tellement cool. Sinon, j’ai écouté beaucoup de BO de John Carpenter avec mon fils. Il adore la musique de méchants ! Nous avons eu tous les deux le covid, du coup nous avons écouté pas mal de vinyles. En ce moment il adore The War Of The World de Jeff Wayne. Pas sûr qu’il soit déjà prêt pour la BO de Blade Runner !
Que peut-on attendre après cette trilogie « PenInsular » ?
Robin Foster : Je travaille toujours sur quelque chose… impossible de décrocher ! Actuellement je collabore avec Morgane Imbeaud, sur son prochain album : co-écriture, arrangements, production, etc… Elle possède un tel talent ! J’adore travailler avec elle, nous sommes très similaires dans notre approche de la musique. Un peu comme des miroirs.
Robin Foster – PenInsular III / Disponible chez M2L Music.