Dans le cadre du festival suisse Antigel, Sarah Neufeld se produisait au CHU de Genève. Un concert improbable que la violoniste d’Arcade Fire a mené du bout de son archet. Avec simplicité et virtuosité. Live report.
Rassurez-vous, la pétillante Sarah Neufeld est en pleine forme ! Son passage au centre hospitalier genevois n’avait rien de médical (sauf pour le bien-être de nos oreilles). Simplement, l’épatant Festival Antigel aspire à proposer divers projets artistiques alternatifs, notamment via des lieux de concert singuliers voire décalés… et grand bien leur fasse ! La violoniste canadienne jouait ainsi dans la petite salle feutrée d’Ajuriaguerra (pour l’anecdote, Steve Gunn chantait le lendemain dans une serre à tomates).
Sarah arrive sur scène seule et concentrée. En guise d’accompagnement, quelques samples doublés d’un système de percussion synchronisé qu’elle commande en tapant le pied au sol. Et puis bien sûr, sa voix opalescente et parcimonieuse.
Les premières notes fusent à toute volée. C’est évident, Sarah Neufeld maîtrise son art. Et surtout elle a plus d’une corde à son archet pour emmener son auditoire dans les multiples contrées sonores qu’elle explore. Naviguant d’arpèges en volutes, avec une place de choix judicieusement laissée à la composante visuelle. Forêt, étendue marine ou encore lac de montagne… autant de panoramas de pleine nature projetés en fond de scène. Une promenade enchanteresse entrecoupée parfois d’une seule et sobre lumière dans l’obscurité. Palette idéale pour illustrer son jeu de violon particulièrement expressif.
La configuration dénudée ramène les compositions à leur quintessence souvent progressive. Ce qui ne donne que plus d’éclat au jeu fluide et enlevé de Sarah. Dépouillés en outre de leurs apparats pop/rock des versions studios, les morceaux deviennent (encore) moins accessibles. Contrepartie exigeante qui impose une plus grande réceptivité. Ce qui ne sera à priori pas au goût de tout le monde, certains spectateurs repartiront un peu déçus.
Pour les autres (il y avait beaucoup de sourires affichés à la sortie), le dépaysement offert par Sarah Neufeld s’est révélé captivant.
Cél & Betty