Scratch The Super Ape, c’est sous ce nom qu’est initialement sorti l’album Super Ape de Scratch & The Upsetters. C’était en Jamaïque, en 1976. Scratch c’est bien évidemment la légende du reggae Lee Perry qui a entièrement produit cette pure galette de dub. Dub It Up !
C’est plus qu’un disque, c’est toute une ambiance, tout un univers qui s’ouvre à nous. Tout d’abord, cette pochette délirante, une illustration de Tony Wrigt dans laquelle Scratch Perry apparaît tel King Kong (oui oui, à cette époque les pochettes de reggae assuraient un peu plus que de nos jours). Dieu Jah sait à quel point la pochette, l’artwork, l’environnement visuel participe au rêve ; même si c’est bien avec nos oreilles qu’on écoute de la musique. Ça, Lee Scratch Perry l’avait compris. Il avait aussi compris (comme King Tubby) que la musique est faite de silences.
En ce sens Scratch The Super Ape place la « Dub Music » au sommet de son art. Ce qui peut apparaître comme un simple recyclage de bandes reggae pré-existentes s’est hissé en tant que genre musical à part entière en partie grâce à cet album. Le Dub -pour les novices- inspirera plus tard toute la génération trip hop (notamment Massive Attack qui revendique cette influence). In extenso, si vous entrez dans le vaste monde de la musique jamaïquaine via Major Lazer, dites vous que ce groupe, son univers est en quelque sorte l’équivalent électronique du reggae psychédélique 70’s de Super Ape.
Mais alors qu’est-ce qu’on entend dans ce bon vieux disque ?
On y entend des version dub (semi instrumentales) de chansons toute aussi extraordinaires les unes que les autres. Scratch Perry a pris soin de laisser des petits passages de cuivres, de guitares, des fragment vocaux, les choeurs de The Heptones,… Juste ce qu’il faut.. pas trop. Super Ape présente Des dub-versions revisitées de l’œuvre de Max Romeo & The Upsetters. Parmi ces pépites; Croacking Lizard déshabille Chase The Devil, Black Vest redonne un rebond au classique War Ina Babylone sur des improvisations toastées de Scratch Perry himself. Le tout truffé de bonne vieille réverb analogique, de boites à écho retros, Juste ce qu’il faut.. pas trop.
Une fois de plus, je ne saurais trop vous recommander d’écouter cet album en vinyl. Si vous avez la chance de mettre la main sur l’édition originale (rare) paru en Jamaïque sous une autre pochette et avec un ordre des titres différent cela tient du miracle. Sinon l’édition vinyl paru chez Island en 1976 est certes différente de l’édition originale mais procure de très bonnes sensations.