En trois dates (archi) combles au Grand Rex, Sigur Rós a rappelé que sa musique était inclassable. Et son statut inégalable. Sur scène, la formation islandaise mêlant de manière totalement unique éther mélodique et puissance sonore.
Live Report.
Pour un groupe capable de remplir le Zénith de Paris sans aucune promotion, ces soirées au Grand Rex les 27, 28 et 29 septembre furent logiquement prises d’assaut. Tant par les fans français qu’étrangers. Finalement doublés puis triplés, les concerts de Sigur Rós dans l’emblématique salle parisienne affichaient donc complet sans aucune surprise.
Pas de première partie, ni d’accompagnement étoffé comme le trio en a souvent l’usage en live. Juste Sigur Rós et son public. Des compositions les plus récentes aux classiques, le groupe a pioché large dans sa discographie. Offrant un son d’une grande clarté porté par un visuel minutieusement étudié. Eléments de glace et de feu propres à l’Islande alternant avec une scénographie plus abstraite. Le tout dans une perspective en 3 dimensions. Une beauté visuelle qui « impose » d’ouvrir les yeux pour le plaisir… là où habituellement on les ferme pour mieux s’immerger dans cette musique hors norme.
Scindé par un entracte, le concert propose deux parties distinctes. Plus calme, plus nuancée (musicalement comme visuellement), la première n’en demeure pas moins riche et envoûtante. « E-Bow » subjugue ainsi par son interprétation abyssale. Tandis que « Dauðalagið » fascine, notamment par le jeu d’Orri Páll Dýrason. Le batteur insufflant des déflagrations mattes et profondes irradiées par un couplage stroboscopique. Ce relief sonore, Jónsi Birgisson le sublime de son chant quasi liturgique sur le final a capela. Une impression de temps suspendu qui se verra réitérée lors de l’introduction étirée de « Festival ».
Après l’intermède, Sigur Rós durcit le ton. L’atmosphère s’imprègne de tellurisme. Une magnitude qui évoque celle avec laquelle la nature sévit en ce pays perdu dans le grand nord. A l’instar du vrombissant « Kveikur » sur lequel Orri martèle. Chaque titre enveloppe de sa quintessence singulière, tour à tour brute, aérienne et bouleversante.
Et puis bien sûr il y a cette fin magistrale, ce « Popplagið » qui emmène loin. Très loin. La basse lourde et cosmique de Goggi Hólm, le crescendo mélancolique d’Orri. La section rythmique déroule lentement vers cette conclusion dantesque appuyée par des lumières apocalyptiques. Les longues complaintes déchirantes de Jonsi déversent leur charge émotionnelle. Les tympans vibrent, les paupières s’abaissent et les gorges se serrent. La terre continue de tourner, pourtant on l’oublie.
En en peu moins de deux heures, l’ovni islandais a catapulté le public parisien sur son orbite stellaire. En apesanteur, loin de notre monde en péril. La musique de Sigur Rós ne se définit pas, certes. Mais elle s’incarne pleinement en live.
« Le son de Sigur Rós cristallin, volcanique, explosif, dans un décor lumineux en 3D évoquant la glace, le magma, l’espace, nous a ramené à l’essence de l’essentiel, la puissance des émotions pures. Tout en nous interrogeant sur notre avenir et la modernité. Un moment inoubliable. » Céline
« Sigur Rós joue une musique indéfinissable, entre organique, tellurique et absorption atmosphérique. Une opulence harmonieuse de sonorités qui pourraient sembler divergentes… et qui pourtant fusionnent en éther gracieux. Un langage non compréhensible véhiculant une communication universelle… un ressenti, sans nécessité de comprendre. Bien plus qu’un spectacle, une gravitation dans les profondeurs de la vie, où les vibrations du final résonnent encore dans nos âmes. #EntreStupeur&Délicatesse&Frisson » Delphine
« En sortant du Grand Rex, on regrette de ne pas assister à toutes les performances de ce trio de concerts. Pour pouvoir les apprécier intégralement : une fois assis, les yeux fermés, une seconde les yeux ouverts pour profiter de la scénographie et du travail visuel et enfin debout, à danser. » Émilien
« Voir Sigur Rós en concert, c’est se transporter en Islande, c’est rêver ! Partir! Les trois soirées au Grand Rex furent exceptionnelles. Il n’y a pas un concert de ce groupe sans que les larmes coulent sur mes joues. Cette musique et la voix de Jonsi me remuent les tripes. Le final de leur concert (Popplagið) est tel un orgasme tantrique qui s’annonce progressivement et soudain vous emporte en parcourant tout le corps. Trop d’émotion, trop de bonheur, Sigur Rós atteint le sublime. Qu’ils nous reviennent vite ! TAKK* ! » Patrick
Setlist :
– Á
– Ekki Múkk
– Glósóli
– E-Bow
– Dauðalagið
– Fljótavík
– Niður
– Varða
Entracte
– Óveður
– Sæglópur
– Ný Batterí
– Vaka
– Festival
– Kveikur
– Popplagið
* Takk signifie merci en islandais. C’est également le titre du quatrième album studio de Sigur Rós.