The KVB, vague de froid
Passé maître dans l’art de la cold wave et ses descendances, The KVB maintient la cadence sur son septième album « Only Now Forever » en lui insufflant un soupçon de dance.
L’exil berlinois a souvent du bon. La ficelle est énorme mais il est difficile de ne pas évoquer en la matière tous les bienfaits provoqués par la capitale allemande chez le grand David Bowie de la fin des années 70.
A l’instar de leur glorieux compatriote, The KVB (pour Klaus Von Barrel, surnom du chanteur Nicholas Wood) sont installés depuis déjà quelques années sur les rives de la Spree – qui a bien changé depuis 1977 – et sortent leur septième album depuis 2010 (et un paquet d’EP’s en sus) avec « Only Now Forever ».
Si le Thin White Duke était allé trouver en Allemagne une inspiration nouvelle très urbaine, froide et déjà électronique, le couple formé de Wood et de Kat Day (claviers, visuels) n’a pas attendu de filer à l’Est pour faire dans le rock obscur. Ils puisent allègrement depuis leurs débuts dans la vieille tradition allant de Joy Division en passant par Suicide, Spacemen 3 et toute la veine cold-wave. Et de garder une affection toute particulière envers le « Pornography » de The Cure (1982) pour le combo boîte à rythme / basse inquiétante / guitare ensorcelante.
Cold dance
Signé depuis 2015 sur le label de Geoff Barrow (BEAK>, Portishead) Invada Records, le duo originaire de Southampton a toujours réinterprété à l’envi tout ce beau et sombre répertoire. S’il souffre peut-être parfois d’un relatif manque d’originalité (difficile de leur reprocher à l’heure actuelle), il le fait avec un savoir-faire, une efficacité voire une science remarquables dans le genre comme en témoignaient l’excellent « Out Of Body » (2014) ou la dernière livraison « Of Desire » (2016) déjà sous chapeautage berlinois.
Hyperactifs dans leurs productions et pour la première fois en photo sur la pochette du disque, ils ne dérogent pas à la règle dans ce nouvel album. D’emblée, les deux impeccables premiers single « Above Us » et « On My Skin » donnaient à entendre du KVB dans le texte : entre rythmique Kraut, synthés analogiques caverneux et chant évanescent, ce qui est encore le cas sur une bonne partie du disque (« Only Now Forever », « Cerulean », « No Shelter »). Mais, nouveauté, Wood se permet quand même une échappée dream pop romantique et très réussie avec les chœurs discrets de Day (« Violet Noon ») ou une sorte de glam-électro entêtant (« Afterglow »).
Une volonté d’évolution qui se manifeste aussi par une approche – légèrement – plus électronique voire dance (Berlin forcément) comme sur « Into Life » ou un « Tides » presque dansant et sur lequel le chanteur ose hausser la voix en se donnant parfois des airs de Faris Badwan (The Horrors). Pas de quoi faire trembler les dancefloors berlinois, devenus si hype et plus vraiment aussi underground qu’à l’époque de Bowie, mais suffisant pour saluer la belle marche en avant d’un couple attachant.